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par Atlasocio.com | Publié le 27/06/2017
Le recensement de 2016 révèle de nombreuses tendances en matière de croissance démographique : accroissement migratoire, répartition spatiale de la population et principales régions métropolitaines. Les faits saillants en cartes, tableaux et graphiques.
Vancouver, municipalité canadienne qui possède la plus forte densité de population du pays avec plus de 5 400 hab./km². © Magnus Larsson
Selon les résultats du recensement publié en février dernier par Statistique Canada [1], en date du 10 mai 2016, 35 151 728 personnes ont déclaré vivre au Canada, soit une population dix fois plus importante que celle dénombrée lors du premier recensement en 1871 (3,6 millions d’habitants). À noter que ce n'est qu'en 1967 – 100e anniversaire de la Confédération – que la population canadienne a passé la barre des 20 millions d’habitants.
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Année | Population | Variation (±%) |
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© Atlasocio.com | ||
1851 | 2 414 519 | — |
1861 | 3 174 442 | +31,5% |
1871 | 3 689 000 | +16,2% |
1881 | 4 325 000 | +17,2% |
1891 | 4 833 000 | +11,7% |
1901 | 5 371 000 | +11,1% |
1911 | 7 207 000 | +34,2% |
1921 | 8 788 000 | +21,9% |
1931 | 10 377 000 | +18,1% |
1941 | 11 507 000 | +10,9% |
1951 | 14 050 000 | +22,1% |
1961 | 18 271 000 | +30,0% |
1971 | 21 962 032 | +20,2% |
1981 | 24 819 915 | +13,0% |
1991 | 28 037 420 | +13,0% |
2001 | 31 020 596 | +10,6% |
2011 | 33 476 688 | +7,9% |
2016 | 35 151 728 | +5,0% |
De 2011 à 2016, la population canadienne s’est accrue de 1,7 million de personnes (5,0%), un taux inférieur à la période précédente (5,9% pour 2006-2011) mais qui maintient le Canada en tête des États du G7 en termes de croissance démographique annuelle (+1%/an pour la période 2011-2016). Statistique Canada rappelle également que la croissance démographique annuelle du Canada est la huitième en importance au sein des pays du G20, derrière l'Arabie saoudite, la Turquie, l'Afrique du Sud, l'Australie, le Mexique, l'Indonésie et l'Inde.
Taux de croissance démographique annuel moyen des États du G20 et du G7, 2011 à 2016. © Atlasocio.com
Si l'équation mathématique de la croissance démographique est simple [Croissance démographique = (accroissement naturel = naissances-décès) + (accroissement migratoire = immigration-émigration)], il est en revanche plus délicat d'en expliquer les changements de dynamiques. Historiquement, la croissance démographique canadienne a longtemps été due à l'accroissement naturel, et en particulier lors de trois périodes caractérisées par une croissance soutenue : de 1851 à 1861 (+2,86%/an), de 1901 à 1911 (+2,98%/an), et de 1941 à 1961 (2,67%/an).
Population née à l'étranger en proportion de la population totale, pays du G8 et Australie. © Atlasocio.com
Or, le recensement de 2016 souligne que les deux tiers de la croissance démographique du Canada sont dorénavant attribuables à l’accroissement migratoire et seulement un tiers à l’accroissement naturel. En effet, à l’instar de nombreux autres pays développés qui possèdent un faible taux de fécondité – l’Allemagne, l’Italie et le Japon enregistrent ces dernières années plus de décès que de naissances – la dynamique démographique du Canada repose essentiellement sur l’immigration.
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À l'avenir, selon les projections de Statistique Canada, la croissance démographique pourrait dépendre encore plus de l'accroissement migratoire, notamment en raison d'une hausse prévue du nombre de décès : « Le vieillissement de la population s'accélérera de 2011 à 2031. En 2026, les premiers baby-boomers atteindront 80 ans, âge où la mortalité est généralement élevée, ce qui entraînera une accélération de la hausse du nombre de décès » [2]. Aussi, à compter de 2031, l'accroissement migratoire pourrait représenter plus de 80% de la croissance démographique du Canada.
Année | Population | Variation (±%) | ||
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2011 | 33 476 688 | — | ||
2021 | 39 110 000 | +16,9% | ||
2031 | 44 430 000 | +13,6% | ||
2041 | 49 900 000 | +12,3% | ||
2051 | 56 070 000 | +12,4% | ||
2061 | 63 000 000 | +12,4% |
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Deuxième pays du monde par sa superficie après la Russie avec plus de 9 millions de kilomètres carrés (km²), le Canada possède une faible densité de population : 3,9 habitants par km² en 2016. Pour autant, cette faible densité à l’échelle nationale masque une forte concentration de la population canadienne le long de la frontière sud du pays. Et, en 2016, deux Canadiens sur trois vivent à moins de 100 kilomètres des États-Unis, soit 66% de la population sur environ 4% du territoire national. Aussi, il est logique d’y retrouver au sein de cette zone géographique les principales métropoles du pays : Toronto, Montréal et Vancouver. À noter que cette dernière municipalité présente la plus forte densité de population du Canada avec plus de 5 400 hab./km².
Rang | Agglomération | Population | Taux de croissance (2011-2016) | |
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Toronto | 5 928 040 | +6,2% | ||
Montréal | 4 098 927 | +4,2% | ||
Vancouver | 2 463 431 | +6,5% | ||
Calgary | 1 392 609 | +14,6% | ||
Ottawa–Gatineau | 1 323 783 | +5,5% | ||
Edmonton | 1 321 426 | +13,9% | ||
Québec | 798 162 | +4,0% | ||
Winnipeg | 778 489 | +6,6% | ||
Hamilton | 747 545 | 3,7% | ||
Kitchener–Cambridge–Waterloo | 523 894 | +5,5% |
En 2016, le Canada compte 35 régions métropolitaines de recensement [3] (RMR), contre 33 lors du recensement précédent. Les trois RMR les plus peuplées – soit Toronto (5 928 040 habitants), Montréal (4 098 927), Vancouver (2 463 431) – sont le lieu de résidence de plus du tiers des Canadiens (35,5%) et comptabilisent plus de 12,5 millions d'habitants. En raison d’une croissance démographique record durant ces 15 dernières années, Calgary avec ses 1 392 609 habitants devient en 2016 la quatrième agglomération du pays, devançant Ottawa-Gatineau (1 323 783 hab.) et Edmonton (1 321 426 hab.).
Autrefois regroupés à l’est du pays, principalement au sein des quatre provinces fondatrices (Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse), les Canadiens se sont peu à peu déplacés vers l’ouest. Un déséquilibre en termes de répartition de la population qui tend donc à s’effacer : en 2016, en raison d’une forte immigration et d’un solde migratoire interprovincial très positif, près du tiers de la population canadienne vivait au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique.
Carte - Proportion de la population du Canada par province et territoire en 2016. © Atlasocio.com
Provinces de l’Atlantique
Durant la période 2011-2016, les provinces de la façade atlantique ont connu les évolutions suivantes : Île-du-Prince-Édouard (+1,9%, plus forte croissance des provinces de l'Atlantique), Terre-Neuve-et-Labrador (+1,0%), et Nouvelle-Écosse (+0,2%). Le Nouveau-Brunswick (-0,5%) demeure la seule province du pays à enregistrer une baisse de sa population. La faible croissance de cette partie du Canada s’explique notamment par des départs de plus en plus nombreux à destination de l’ouest du territoire mais aussi à la diminution de l’immigration et de l’accroissement naturel. Et, si les provinces de l’Atlantique regroupaient 10% de la population nationale en 1966, le chiffre est dorénavant de 6,6% en 2016.
Carte - Variation de la population par province et territoire du Canada (2011-2016). © Atlasocio.com
Provinces du Centre
L’Ontario et le Québec représentent 61,5% de la population canadienne en 2016, soit trois Canadiens sur cinq qui vivent dans les deux provinces du « Centre du Canada ». Une situation inchangée depuis 1911 puisque cette proportion a toujours oscillé entre 60 et 64%. L’Ontario, avec ses 13,4 millions d’habitants en 2016, regroupe 38,3% de la population. Cependant, la province est confrontée à un ralentissement de sa croissance démographique, ce que souligne Statistique Canada : « Le taux de croissance démographique de l'Ontario est demeuré inférieur à la moyenne nationale durant deux périodes intercensitaires consécutives, une première depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale ».
Carte de la part des francophones par province et territoire du Canada en 2011. © Atlasocio.com
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Le Québec, seule province à majorité francophone, dépasse désormais les 8 millions d’habitants en 2016. Toutefois, le Québec enregistre une croissance inférieure à la moyenne nationale : 3,3% contre 5,0%. Bien que jusqu'aux années 1960 Montréal est la principale ville d'entrée des nouveaux venus au Canada, le Québec francophone met un certain temps à se mobiliser sur la question de l'accueil et de l'intégration des immigrants [4]. Désirant accorder une priorité aux candidats francophones à l'immigration sur son territoire, le service d'immigration du Québec est créé en 1965, pour devenir le ministère de l'immigration du Québec en 1968. L'Accord Canada-Québec, signé en 1991, est le premier accord officiel relatif à l'immigration entre le gouvernement fédéral du Canada et un gouvernement provincial. Pour autant, au cours des 40 dernières années, le poids démographique du Québec continue de reculer, passant de 28,9% de la population totale du Canada en 1966 à 23,2% en 2016. Et, si le nombre de francophones continue à progresser numériquement, il régresse proportionnellement tant à l’échelle nationale (21,7% en 2011 contre 22% en 2001), qu'à l'échelle provinciale (78,9% au Québec en 2011 contre 81,4% en 2001). Une tendance qui n'est pas prête de s'inverser puisque durant la période 2006-2011, 23,8% des immigrés sur l'ensemble du territoire canadien ont déclaré l'anglais comme langue maternelle, et seulement 3,4% le français.
Province/territoire | 2012 | 2014 | 2016 | |||
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(milliers) | (%) | (milliers) | (%) | (milliers) | (%) | |
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CANADA | 34 750,5 | 100% | 35 544,6 | 100% | 36 286,4 | 100% |
Ontario | 13 413,7 | 38,6% | 13 685,2 | 38,5% | 13 983,0 | 38,5% |
Québec | 8 085,9 | 23,3% | 8 214,5 | 23,1% | 8 326,1 | 22,9% |
Colombie-Britannique | 4 546,3 | 13,1% | 4 645,3 | 13,1% | 4 751,6 | 13,1% |
Alberta | 3 880,8 | 11,2% | 4 108,3 | 11,6% | 4 252,9 | 11,7% |
Manitoba | 1 250,3 | 3,6% | 1 281,0 | 3,6% | 1 318,1 | 3,6% |
Saskatchewan | 1 086,0 | 3,1% | 1 121,3 | 3,2% | 1 150,6 | 3,2% |
Nouvelle-Écosse | 944,9 | 2,7% | 943,3 | 2,7% | 949,5 | 2,6% |
Nouveau-Brunswick | 756,8 | 2,2% | 754,9 | 2,1% | 756,8 | 2,1% |
Terre-Neuve-et-Labrador | 526,5 | 1,5% | 528,3 | 1,5% | 530,1 | 1,5% |
Île-du-Prince-Édouard | 145,1 | 0,4% | 145,8 | 0,4% | 148,6 | 0,4% |
Territoires du Nord-Ouest | 43,6 | 0,1% | 43,9 | 0,1% | 44,5 | 0,1% |
Yukon | 36,1 | 0,1% | 36,9 | 0,1% | 37,5 | 0,1% |
Nunavut | 34,7 | 0,1% | 36,0 | 0,1% | 37,1 | 0,1% |
Provinces de l’ouest
Les provinces de l’ouest affichent des croissances démographiques élevées pour la période 2011-2016 : Alberta (+11,6 %, soit plus du double de la moyenne nationale), Saskatchewan (6,3%), Manitoba (5,8 %), Colombie-Britannique (5,6%). Toutes ces provinces ont augmenté plus rapidement que la moyenne nationale (5,6 % de 2011 à 2016).
Les territoires
Les territoires ne comptabilisent que 113 600 habitants en 2016, soit à peine 0,3% de l’ensemble de la population canadienne. Le Nunavut, avec un taux de fécondité de 2,9 enfants par femme (le plus élevé du Canada), enregistre un taux de croissance démographique de 12,7%. Suivent le Yukon (5,8%) et les Territoires du Nord-Ouest (0,8%).