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Chronologie des essais nucléaires et des traités liés à leur interdiction

par Atlasocio.com | Publié le 26/09/2017

 

Le 16 juillet 1945, les États-Unis font exploser Trinity, la toute première bombe atomique. Depuis, plus de 2 000 essais nucléaires ont été réalisés à travers le monde et plusieurs traités liés à leur limitation, puis à leur interdiction, ont été signés.

Carte des principaux sites d'essais nucléaires depuis 1945.
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 +  Carte des principaux sites d'essais nucléaires depuis 1945. © Atlasocio.com
Essai nucléaire sur l'atoll de Bikini dans les îles Marshall en 1946.
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 +  Essai nucléaire sur l'atoll de Bikini dans les îles Marshall en 1946. © US Government

Plus de 2 000 essais nucléaires depuis 1945

Le premier essai de l’histoire, du nom de code Trinity, a lieu le 16 juillet 1945 à Alamogordo dans le désert du Nouveau-Mexique, concrétisant les recherches scientifiques menées conjointement par les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada depuis 1942 (Projet Manhattan). Trois semaines plus tard, les forces armées américaines larguent Little Boy (bombe à l'uranium de 15 kt) et Fat Man (bombe au plutonium de 21 kt) sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 8 août 1945 [1].

▶ CONSULTER : Classement des États par nombre d'essais nucléaires

La course aux armements nucléaires démarre réellement suite à l’explosion le 29 août 1949 de la première bombe A conçue par l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Durant la Guerre froide (1947-1991), période de tension et d'hostilité opposant les États-Unis et l'URSS ainsi que leurs alliés respectifs, les essais nucléaires – essentiellement atmosphériques jusqu’aux années 1960 – se multiplient. Le 1er mars 1954, la plus puissante bombe H américaine (15 mégatonnes) est testée sur l'atoll de Bikini aux îles Marshall, causant l’un des pires désastres écologiques de l’histoire : les atolls environnants sont entièrement contaminés et plusieurs citoyens locaux, soldats et ingénieurs de l’armée sont touchés par les retombées radioactives.

Essais nucléaires historiques

Date Évènement Nom de code
Puissance (kT)
© Atlasocio.com
16/07/1945 Les États-Unis procèdent au premier essai d'une bombe à fission (bombe A) de l'histoire. Trinity
19
29/08/1949 L'URSS procède à son premier essai d'une bombe A. RDS-1
22
03/10/1952 Le Royaume-Uni procède à son premier essai d'une bombe A. Hurricane
25
01/11/1952 Les États-Unis procèdent au premier essai d'une bombe à fusion (bombe H) de l'histoire. Ivy Mike
10.400
01/03/1954 Plus importante explosion thermonucléaire des États-Unis. Castle Bravo
15.000
22/11/1955 L'URSS procède à son premier essai d'une bombe H. RDS-37
1.600
08/11/1957 Le Royaume-Uni procède à son premier essai d'une bombe H. Grapple
1.800
13/02/1960 La France procède à son premier essai d'une bombe A. Gerboise bleue
70
31/10/1961 L'URSS teste l'arme thermonucléaire la plus puissante de l'histoire. Tsar Bomba
57.000
09/07/1962 Les États-Unis réalisent la plus forte explosion thermonucléaire dans la stratosphère de l'histoire. Starfish prime
1.400
16/10/1964 La Chine procède à son premier essai d'une bombe A. 596
22
17/06/1967 La Chine procède à son premier essai d'une bombe H. CHIC-6
3.300
24/08/1968 La France procède à son premier essai d'une bombe H. Canopus
2.600
18/05/1974 L'Inde procède à son premier essai d'une bombe A. Smiling Buddha
12
11/05/1998 L'Inde procède à son premier essai d'une bombe H. Shakti I
45-50
28/05/1998 Le Pakistan procède à son premier essai d'une bombe H. Chagai-I
40
09/10/2006 La Corée du Nord procède à son premier essai d'une bombe A. ?
< 1
03/09/2017 La Corée du Nord procède à son premier essai d'une bombe H. ?
60-160
Estimation de puissance contestée par certains spécialistes.

Différence entre Bombe A et Bombe H
▶ La bombe A, ou « bombe atomique », est une bombe à fission constituée d'uranium 235 ou de plutonium 239. Elle demeure l'unique arme nucléaire ayant servi lors d'un conflit (bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki en août 1945).
▶ La bombe H, ou « bombe à hydrogène », est une bombe nucléaire dont l'énergie principale provient de la fusion de noyaux légers. Divisée en deux étages, elle est 10 à 100 fois plus puissante que la bombe A.

Le 30 octobre 1961, une bombe à hydrogène de 57 mégatonnes – Tsar Bomba – développée par l’industrie nucléaire de l'Union soviétique explose à environ 3,7 km au-dessus du « site C » de la Nouvelle-Zemble, dans l'Arctique russe. Il s'agit de l'arme de destruction massive la plus puissante jamais utilisée dans l'histoire de l'humanité. Lors de l'opération Fishbowl visant à valider la conception d'un missile antisatellite, les États-Unis effectuent cinq tests en dehors de l'atmosphère (exoatmosphère). Le 9 juillet 1962, l'explosion nucléaire Starfish Prime survient à 400 kilomètres au-dessus de l'atoll Johnston (océan Pacifique). L'essai est si puissant qu'il engendre des dégâts électriques dans l'archipel de Hawaï pourtant distant de 1 445 km (300 réverbères détruits, coupures téléphoniques...), ainsi que des ceintures artificielles de radiations d'électrons dans l'espace (sept satellites mis hors service). Au cours de la seule année 1962, l’URSS et les Etats-Unis effectuent 116 essais atmosphériques représentant une puissance de 170 Mt, soit quasiment 40% de la puissance totale libérée.

Listes détaillées des essais nucléaires par État
Liste des essais nucléaires effectués par la Chine
Liste des essais nucléaires effectués par la Corée du Nord
Liste des essais nucléaires effectués par les États-Unis
Liste des essais nucléaires effectués par la France
Liste des essais nucléaires effectués par l'Inde
Liste des essais nucléaires effectués par le Pakistan
Liste des essais nucléaires effectués par le Royaume-Uni
Liste des essais nucléaires effectués par l'URSS

En cinq décennies (1945-1996), plus de 2 000 essais nucléaires ont été effectués à travers le monde. La moitié des explosions est attribuable aux États-Unis avec 1 054 essais. Viennent ensuite l'URSS (715 essais) et la France (210 essais), loin devant le Royaume-Uni et la République populaire de Chine avec 45 explosions chacun.


Traités liés à l'interdiction des essais nucléaires

Préoccupée par les dangers environnementaux et humains que représente cette arme de destruction massive, la communauté internationale se mobilise à la fin des années 1950, bénéficiant d'un contexte diplomatique favorable avec l’apaisement des tensions entre bloc de l’Est et bloc de l’Ouest (la Détente, 1963-1989).

Traités liés à la l'interdiction des essais nucléaires

Date Traité Entrée en vigueur
© Atlasocio.com
05/08/1963 Traité sur l'interdiction partielle des essais nucléaires
Interdit les essais atmosphériques, extra-atmosphériques et sous-marins. Les essais souterrains ne sont pas concernés.
10 octobre 1963
(États-Unis, URSS, Royaume-Uni)

Refus de la France
03/07/1974 Traité sur la limitation des essais souterrains d'armes nucléaires
Interdit les essais d'armes nucléaires dont la puissance est supérieure à 150 kilotonnes.
11 décembre 1990
(États-Unis et URSS)
24/09/1996 Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE)
Entrée en vigueur conditionnée par le dépôt des instruments de ratification des 44 États figurant à l’annexe II.
Non ratifié (Chine, Égypte, États-Unis, Iran, Israël)
Non signé (Corée du Nord, Inde, Pakistan)

▶ LIRE : La communauté internationale face à la menace nucléaire

Les États-Unis, l’URSS et le Royaume-Uni s’engagent à cesser leurs essais atmosphériques par la signature du Traité sur l'interdiction partielle des essais nucléaires (TIPEN) en août 1963 [2]. La France (puissance nucléaire depuis 1960) et la Chine (dernier pays à avoir réalisé un essai atmosphérique le 18 octobre 1980) refusent de participer aux négociations afin de poursuivre leurs programmes de recherche respectifs. Aussi, bien que le TIPEN marque un tournant dans la lutte contre la prolifération nucléaire, traduisant une réelle volonté de limiter les retombées radioactives consécutives aux essais atmosphériques, il n’a que peu d’effet sur le nombre d’essais nucléaires dans leur ensemble, désormais effectués sous terre.

 Graphique de la chronologie des essais nucléaires atmosphériques et souterrains depuis 1945. © Atlasocio.com

Entré en vigueur le 5 mars 1970, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) [3] interdit aux cinq détenteurs officiels de l'arme nucléaire (États-Unis, URSS, Royaume-Uni, France, Chine) de livrer du matériel ou des renseignements aux autres États – lesquels s'engagent à ne pas produire de bombes – mais aucune interdiction des essais nucléaires n'est mentionnée. Quelques années plus tard, les États-Unis et l'Union soviétique signent le Traité sur la limitation des essais souterrains d'armes nucléaires le 3 juillet 1974 qui proscrit les tests dont la puissance est supérieure à 150 kilotonnes. La fin de la Guerre froide conduit à un arrêt progressif des essais nucléaires: l’Union soviétique procède à son dernier essai le 24 octobre 1990, le Royaume-Uni le 26 novembre 1991, les États-Unis le 23 septembre 1992, la France le 27 janvier 1996 et la Chine le 29 juillet 1996.

 Carte de l'état des ratifications du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. © Atlasocio.com

Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN ou TICE), que ce soit à des fins pacifiques ou militaires, est adopté par l'Assemblée générale des Nations unies le 10 septembre 1996 et ouvert à la signature le 24 septembre 1996. Trois puissances nucléaires majeures ont ratifié le TICEN : la France et le Royaume-Uni le 6 avril 1998, puis la Russie le 24 avril 2000. Pour entrer en vigueur, le TICEN doit être ratifié par l'ensemble des 44 États repris dans l’annexe 2[4]. Or, en 2017, cinq d’entre eux ne l'ont pas ratifié (Chine, Égypte, États-Unis, Iran et Israël), et trois ne l’ont pas signé (Corée du Nord, Inde, et Pakistan). De fait, après l’ouverture du TICEN, l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord ont procédé à des essais nucléaires, soit une dizaine de tests au total.


Notes et références

  1. [1] Selon l'organisation nippo-américaine Radiation Effects Research Foundation, le nombre des victimes oscille entre 90 000 et 166 000 à Hiroshima et 60 000 à 80 000 à Nagasaki.
  2. [2] Précédé d'un moratoire observé par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’URSS depuis novembre 1958, puis d'un premier traité en 1960, le Traité sur l'interdiction partielle des essais nucléaires est signé à Moscou le 5 août 1963. Il porte sur l'interdiction des essais d'armes nucléaires atmosphériques, extra-atmosphériques et sous-marins. À noter que les essais souterrains ne sont pas compris dans l'interdiction.
  3. [3] L'application du TNP est garantie par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), organisation internationale créée par l’ONU le 25 juillet 1957 afin de promouvoir l'usage du nucléaire non pas à des fins militaires mais civiles.
  4. [4] L'annexe 1 du TICEN comprend l’ensemble des États membres des Nations unies en capacité de signer et de ratifier le texte. L’annexe 2 désigne quant à elle les 44 États qui possédaient des réacteurs nucléaires au moment de la négociation du TICEN entre 1994 et 1996.