Accueil » Revue » Société » Les États européens où la participation des diplômés à l'emploi non qualifié est la plus élevée
par Atlasocio.com | Publié le 14/09/2015
Une étude publiée en août 2015 dresse la liste des États où le nombre de diplômés recrutés pour des emplois non qualifiés est le plus important.
Part des diplômés dans des emplois non qualifiés en 2004 et 2010. Source : European Social Survey. © CIPD
En France, la distinction entre « emploi qualifié » et « non qualifié » pour les ouvriers repose sur la nomenclature des professions et des catégories sociales (PCS). Les ouvriers non qualifiés regroupent ceux de type industriel, artisanal et agricole.
Concernant les employés non qualifiés, ils sont définis par la nomenclature proposée en 2002 par Olivier Chardon : agents de service, agents de surveillance et de sécurité, standardistes, opérateurs de saisie, caissiers ou vendeurs non qualifiés, serveurs et employés non qualifiés de la restauration et du tourisme, assistants maternels, aides à domicile/ménagères, personnels de ménage, concierges et gardiens d’immeubles, etc.
L’Insee précise que « le terme “non qualifié” ne signifie en aucun cas que le salarié en question ne dispose d’aucun diplôme ni d’aucune compétence pour exercer son emploi». Les employés dits «non qualifiés » sont de plus en plus rarement sans diplôme. Ainsi en 2007, « près des trois quarts d’entre eux ont au moins un diplôme (contre 55% en 1982) et 21% ont au moins le baccalauréat (contre 2 %) » [1].
La Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD), fondée en 1913 et dont le siège social se situe à Wimbledon (Angleterre), est une association représentant les gestionnaires des ressources humaines.
Elle comptabilise entre autres le taux de personnes diplômées qui travaillent à des postes ne nécessitant pas de qualifications particulières au sein des pays européens. Ses données reposent principalement sur des rapports d’Eurostat et de l’OCDE. Ainsi, d’après les résultats de sa dernière étude [2], près d’un diplômé sur douze se retrouve serveur de café-restaurant, employé de libre service ou standardiste en centre d’appels. Une situation qui est variable selon les États européens.
Rang | État | Part des diplômés à l'emploi non qualifié en 2010 |
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© Atlasocio.com | ||
Estonie | 87% | |
Grèce | 64% | |
Royaume-Uni | 58% | |
Pologne | 43% | |
Ukraine | 42% | |
Espagne | 38% | |
Irlande | 37% | |
Suède | 35% | |
Norvège | 32% | |
Belgique | 28% | |
France | 23% | |
Danemark | 20% | |
Finlande | 15% | |
Hongrie | 14% | |
Pays-Bas | 12% | |
Allemagne | 10% | |
Suisse | 6% |
L’une des raisons est le nombre toujours plus élevé de jeunes diplômés arrivant chaque année sur le marché du travail alors même que les offres d’emploi correspondant à leurs qualifications n’augmentent pas. Les employeurs se sont donc mis à exiger plus de compétences pour des postes non qualifiés.
Pour la CIPD, ces méthodes de recrutement sont comparables à un véritable dispositif de filtrage afin d’identifier les individus les « plus capables » de comprendre les consignes, et donc plus productifs. Ainsi, quand il y a pénurie d’emplois, le diplômé chasse celui qui ne l’est pas. Pour pallier à cette situation, la CIPD préconise d’investir de manière plus adéquate les fonds destinés à l’éducation et les centres de formation. Car, pour le directeur de la CIPD Peter Cheese, « l'hypothèse que nous passerions à une économie d'une plus grande valeur, plus productive et plus qualifiée simplement en augmentant le nombre de diplômés s'est avérée un échec ».
Si quatre jeunes Français sur dix débutent leur carrière professionnelle par un emploi non qualifié et ce, tous diplômes confondus, les trajectoires personnelles diffèrent en termes de temps et de type d’emploi occupé.
Il s’agit pour la très grande majorité des diplômés post-bac que d’un passage obligé qui débouche ensuite vers un autre emploi, cette fois-ci plus qualifié. Pour les titulaires d’un BEP c’est au contraire une situation durable menant la plupart du temps à un CDI. En revanche les non diplômés alternent emplois temporaires et périodes de chômage.
Cette situation n’est pas nouvelle, comme le résumaient déjà certains chercheurs en 1994 :
« Les emplois non qualifiés ne disparaissent pas, ils se déplacent : de l'industrie vers le commerce et les services, des postes d'ouvriers à ceux d'employés. Leurs bas salaires et leurs faibles diplômes sont autant de traits communs, mais ces salariés peu qualifiés constituent une population hétérogène. (…) Les plus jeunes exercent ces métiers de façon souvent provisoire pour s'insérer dans le monde du travail, avant d'accéder à un emploi plus qualifié. Les plus anciens ne sont guère amenés à grimper dans l'échelle sociale. Et, de plus en plus, le temps partiel s'étend à beaucoup d'emplois non qualifiés » [3].