Classement des États du monde par indice d'inégalité de genre (Gender Inequality Index)

Par Atlasocio.com | Mis à jour le 31/10/2024

Les États possédant les indices d'inégalité de genre (GII) les plus élevés au monde sont le Yémen, le Nigeria, la Somalie, le Tchad, et l'Afghanistan. Les pays où l'inégalité genrée est la plus faible sont le Danemark, la Norvège, la Suisse, la Suède, et les Pays-Bas. À l'échelle mondiale, l'indice d'inégalité de genre est de 0,462 en 2022, contre 0,463 en 2020, 0,503 en 2010, 0,555 en 2000 et 0,579 en 1990.

Présentation de l'Indice d'inégalité de genre (Gender Inequality Index, GII)

L’Indice d’inégalité de genre (GII) est un indicateur composite conceptualisé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en 2010 afin de mesurer les inégalités entre les femmes et les hommes dans trois dimensions fondamentales : la santé reproductive, l’autonomisation et la participation au marché du travail. Cet indice vise à estimer la perte potentielle de développement humain due aux inégalités de genre, en attribuant une valeur entre 0 et 1, où une valeur proche de 0 indique une faible inégalité et une valeur proche de 1 révèle des disparités marquées entre les sexes.

Contrairement à d’autres indices du PNUD, tels que l'indice de développement lié au genre (GDI) et la Mesure de l’autonomisation des femmes (GEM), le GII ne prend pas en compte les niveaux de revenus, afin d'éviter les biais associés aux écarts économiques entre pays. Il empêche également qu’une performance élevée dans une dimension compense une faiblesse dans une autre, en garantissant ainsi une évaluation des disparités de genre plus indépendante du niveau de développement économique.

Méthodologie relative à l'indice d'inégalité de genre

La méthodologie du GII repose sur une approche multidimensionnelle des disparités de genre, intégrant des indicateurs spécifiques à chaque dimension, afin de saisir l’effet cumulé des inégalités, indépendamment du niveau de développement des pays :

• – Santé reproductive : Cette dimension est évaluée à travers le ratio de mortalité maternelle et le taux de fécondité des adolescentes. Un faible ratio de mortalité maternelle reflète un meilleur accès aux soins pour les femmes enceintes, tandis qu’un taux élevé de fécondité chez les adolescentes est souvent associé à des risques sanitaires accrus et à des opportunités éducatives réduites. Les données proviennent de l'UNICEF et du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies ;
• – Autonomisation : Cette dimension est mesurée par la proportion de sièges parlementaires occupés par les femmes (données de l’Union interparlementaire) et le niveau d’éducation atteint par chaque sexe (données de l’UNESCO et de Barro-Lee). L’accès à l’éducation secondaire et supérieure permet aux femmes de renforcer leurs capacités d’information et leur participation à la vie publique ;
• – Participation au marché du travail : Cette dimension évalue l’intégration économique des femmes via leur taux de participation au marché du travail, sans inclure les revenus afin d’assurer la comparabilité internationale. Les données proviennent de l’Organisation internationale du travail.

Le calcul du GII suit plusieurs étapes méthodologiques. Les valeurs extrêmes sont d’abord limitées (par exemple, le ratio de mortalité maternelle est borné entre 10 et 1 000). Chaque dimension est ensuite agrégée par une moyenne géométrique pour chaque sexe, suivie d’une harmonisation des indices féminins et masculins via une moyenne harmonique. La valeur finale du GII est obtenue en comparant cet indice agrégé à un standard de référence.

Limites conceptuelles du Gender Inequality Index

Bien que l’indice d’inégalité de genre fournisse une vue multidimensionnelle des inégalités de genre, il comporte diverses restrictions dans sa conceptualisation. La complexité des calculs, mêlant moyennes géométriques et harmoniques, rend l’interprétation difficile pour les praticiens et les décideurs, limitant ainsi son accessibilité pour une communication publique claire.

Le GII est également critiqué pour l’absence d’une norme de comparaison explicite. Contrairement au Gender Development Index (GDI), qui évalue les pertes de développement par rapport à l’indice de développement humain (IDH), le GII ne propose pas de référence permettant de mesurer précisément les pertes dues aux inégalités de genre. Par ailleurs, le GII combine des indicateurs de bien-être (santé reproductive) et de pouvoir (représentation parlementaire), ce qui complexifie l’interprétation des résultats. Ce mélange d'indicateurs absolus et relatifs peut parfois nuire à la cohérence analytique. De plus, dans les pays développés, les indicateurs de santé reproductive s’avèrent moins pertinents, alors que l’accent devrait davantage être mis sur d’autres dimensions, comme l’accès des femmes aux postes décisionnels.

Enfin, l’absence de prise en compte du travail non rémunéré (domestique ou de soins), dans lequel les femmes sont surreprésentées, limite la capacité du GII à refléter pleinement les disparités de genre. Cette omission est particulièrement significative dans les pays en développement, où le temps consacré par les femmes aux tâches domestiques reste souvent invisible dans les statistiques officielles, donnant ainsi une vision incomplète des inégalités réelles entre les sexes.

• ▶ VOIR AUSSI :
• – Cartes du monde relatives à l'indice d'inégalité de genre
• – Classement des États par indice de développement de genre
• – Classement des États par indice de développement humain ajusté aux inégalités
• – Classement des États par inégalités de revenu (coef. de Gini)

Inégalité genrée faible                                                  Inégalité genrée élevée

Note : Le GII évalue les inégalités entre les sexes en tenant compte de la santé reproductive, du pouvoir décisionnel, et de l'accès à l'éducation et à l'emploi. Exprimé sur une échelle de 0 à 1, un score GII de 0 indique l'absence d'inégalités (égalité théorique parfaite entre les sexes), tandis qu'un score de 1 représente une inégalité maximale. Ainsi, plus la valeur du GII est proche de 1, plus le niveau d'inégalité entre les sexes est élevé, au détriment des femmes.