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Le mythe des monts de Kong ou l'illustration du « pouvoir autoritaire » des cartes

par Atlasocio.com | Publié le 29/11/2022

 

Au début du XIXe siècle, le cartographe britannique James Rennell fait apparaître sur une carte un immense massif montagneux en Afrique nommé « les monts de Kong ». Basée sur des sources fragmentaires et totalement fictive, cette dorsale montagneuse figurera pourtant sur la quasi-totalité des cartes géographiques du continent africain, donnant vie aux légendes et autres imaginaires les plus féconds, et ce, sans aucune vérification scientifique.

 Carte de John Cary de 1805 faisant apparaître les Mountains of Kong (par 10° nord). © Domaine public

Sur l’origine imaginaire des montagnes de Kong

Du Manuel de Géographie de Ptolémée...

La supposée existence d’une vaste chaîne de montagnes faisant office de frontière naturelle entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne est bien antérieure aux erreurs (intentionnelles ou non) des géographes européens pendant le XIXe siècle de l’ère chrétienne. En effet, dès le milieu du IIe siècle après Jésus-Christ, Ptolémée (100-168) évoque les « montagnes de la Lune », alors considérées comme les sources du Nil, le plus long fleuve du monde. Et, le savant grec ne commet pourtant aucune erreur : des montagnes figurent au sud du Nil (sans doute les massifs montagneux de la Vallée du Grand Rift tels que le massif du Ngorongoro ou les montagnes des Virunga) et les fleuves Niger et Nil sont mentionnés distinctement.

Toutes ces informations sont contenues au sein du Manuel de géographie (ou simplement appelé Géographie), ouvrage composé de 8 tomes, rédigé par Ptolémée vers l’an 150 et compilant l’ensemble des connaissances relatives à la géographie du monde à l’époque de l’Empire romain (de -27 à 476 de l’ère chrétienne). Tombé dans l’oubli en Europe au cours du Moyen Âge, le Manuel de géographie est traduit en arabe par Al-Kindi puis par Thābit ibn Qurra entre 825 et 847 de l’ère chrétienne avant d’être diffusé à travers le monde musulman [1].

 Reproduction d’une carte de Ptolémée imprimée au XVe siècle où figurent au sud du Nil les monts de Kong, nommés « mont lune ». © Wikimédia Commons

... en passant par le Livre du divertissement d’Al-Idrīsī...

Al-Idrīsī (ou Al Idrissi, surnommé « l’Arabe de Nubie ») est un géographe, botaniste et médecin probablement né en 1101 à Sebta (actuelle ville espagnole de Ceuta, située sur la côte nord de l'Afrique) et décédé aux alentours de 1166. Après des études à Cordoue – l’une des villes culturelles les plus influentes alors sous domination de l’empire Almoravide –, ce savant musulman rédige plusieurs notes relatives à la géographie et la botanique durant ses nombreux voyages au Maghreb et dans la péninsule Ibérique. Vers 1138, le roi normand Roger II de Sicile fait appel à Al-Idrīsī dans le but de produire un planisphère synthétisant l’intégralité du monde connu [2], des données topographiques en passant par la description des climats ou la localisation des principaux centres de peuplements. Quelques semaines avant la mort du roi, soit seize ans plus tard, Al-Idrīsī réalise une des oeuvres majeures de la cartographie : le Livre du divertissement de celui qui désire parcourir le monde [3], publié à Palerme aux alentours de l’an 1154 de l’ère chrétienne.

À savoir : Le Livre du divertissement de celui qui désire parcourir le monde d’Al-Idrīsī comprend une carte du monde circulaire, un texte de commentaires rédigés en langue arabe ainsi qu’une très grande carte rectangulaire composée de 70 feuilles assemblées en 7 rouleaux de 10 feuilles chacun. Pour Al-Idrīsī, la Terre est « ronde comme une sphère, et l’eau s’y tient et y reste par le biais de l’équilibre naturel qui ne subit pas de changement », une théorie de la sphéricité de la Terre en ce temps-là peu appréciée des mondes chrétien et musulman [4].

Pour ce faire, Al-Idrīsī interroge des voyageurs expérimentés sur leurs connaissances et retient uniquement « la partie (...) sur laquelle il y avait un accord complet et crédible », excluant tout « ce qui semblait contradictoire » [5]. Le géographe complète ce travail colossal en s’appuyant sur les cartes et commentaires du Manuel de Géographie de Ptolémée mais opère deux confusions qui auront un impact majeur dans la « création » future des monts de Kong. La première erreur consiste à inverser le cours du Niger. Al-Idrīsī pense que le fleuve africain se dirige vers le soleil couchant (soit d’est en ouest) « alors qu’avec raison Ptolémée le voyait s’écouler d’ouest en est » [6]. La seconde mauvaise interprétation est d’attribuer la même source au Niger et au Nil, à savoir les « monts de la Lune » (Djbal al-Kamar) dont la localisation demeure incertaine, la description d’Al-Idrīsī laissant même sous-entendre que ces montagnes s’étendraient en direction de l’Afrique de l’Ouest.

... et la Description de l’Afrique de Léon l’Africain

Cependant, le mythe des monts de Kong prend réellement forme durant la Renaissance à travers les écrits d’Hassan Al-Wazzan (né à Grenade en 1494), plus connu sous le nom de « Léon l’Africain ». Ce jeune musulman de l’Empire chérifien, explorateur éventuellement chargé de quelques missions diplomatiques, est capturé par des corsaires chrétiens à son retour du pèlerinage à La Mecque en 1518. Pedro di Bobadilla, chevalier de l’Ordre de Saint-Jean, fait don d’Hassan Al-Wazzan au pape Léon X. Ce dernier, après avoir écouté le témoignage du captif, décide de le convertir au catholicisme et de l'adopter : Hassan Al-Wazzan devient Jean-Léon de Médicis, d’où son surnom de Léon l’Africain.

Enseignant l’arabe à Bologne et apprenant parallèlement le latin, Léon l’Africain débute à la demande du pape son ouvrage intitulé Cosmographia de Affrica, écrit d'abord en arabe, puis en toscan et publié à Venise par Jean-Baptiste Ramusio en 1550 sous le titre Description de l'Afrique. Léon combine la structure cartographique héritée d’Al-Idrīsī (dont il conserve l’interprétation erronée de l’écoulement est-ouest) avec des informations plus récentes comme le remodelage politique de la zone située autour de l’empire Songhaï.

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Fournissant au monde chrétien des informations essentielles sur l’histoire sociale du Maghreb et de l’Afrique sahélienne, dont l’intérieur des terres est encore mal connu des Européens, le livre de Léon l’Africain s’affirme comme une source majeure et « un document de premier ordre qui allait être méthodiquement scruté par des historiens de tous bords et, parmi eux, l'un des plus grands orientalistes français, Louis Massignon » [7]. Au sein de la présentation du « Pays des Noirs » dans les livres I et VII de sa Description de l’Afrique, Léon l’Africain évoque des « monts arides » au sud du Mali, décrit la cité-État de Gobir (dont le territoire s’étend entre le Niger et le Nigeria actuels) comme un royaume « situé entre des montagnes très élevées » et précise que le royaume de Kano (Nigeria) est constitué principalement de « montagnes désertes pleines de forêts et de sources ». La description des commerçants de Guangara par Léon l’Africain affirme plus encore l’idée d’une région montagneuse mystérieuse et pleine de richesses :

« Les habitants sont très riches parce qu’ils vont avec leurs marchandises dans les pays éloignés et parce qu’ils sont, vers le sud, au voisinage du pays où l’on trouve de l’or en grande quantité [...] Les marchands de Guangara sont obligés, quand ils vont au pays de l’or, de traverser des montagnes élevées et scabreuses où ne peuvent passer les bêtes de somme. »

L’anthropologue Emmanuel Terray note qu’« au vu de ces passages, les lecteurs de Léon ont nécessairement le sentiment qu’au sud des contrées qu’il a parcourues s’élève une série de massifs montagneux séparant le bassin du Niger du golfe de Guinée » [8].

Un inconscient collectif européen préparé à l’existence d’une mystérieuse chaîne de montagnes en Afrique

Une chaîne de montagnes présente sur les cartes de l’Afrique durant près de 4 siècles

Ainsi, les informations relatives aux royaumes africains transmises par Léon l’Africain suscitent naturellement la curiosité des Européens qui tentent d’en identifier précisément les toponymes, et ce, sans débattre de la véracité ou non de ses voyages dans la région. En effet, « séduits par la “modernité” de ce bricolage [cartographique] et par la garantie offerte par un auteur qui a tous les traits d’une autorité sur la région, les cartographes et géographes européens du XVIe siècle [...] ont fait leur miel de cette organisation géographique » [9].

Deux décennies après la publication de la Description de l’Afrique, les reliefs décrits par Léon l’Africain sont reportés sur la carte du géographe Abraham Ortelius (publiée en 1570), puis sur celle de Ziletti (1574), de Mercator (1607) ainsi que dans la majorité des représentations cartographiques ultérieures. Au fil du temps, les intervalles entre les différents monts se resserrent et deviennent de plus en plus compacts comme l’atteste la comparaison entre la carte de Ziletti (1574) avec celle de Samson (1657) pour, au final, ne former qu’une seule chaîne de montagnes allant de l’Éthiopie à la Guinée que Giuliano Zuliani fait apparaître sur sa carte de « L’Afrique divisée en ses États principaux » publiée en 1776 [10].

Carte de Ziletti, publiée en 1574.
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 +  Carte de Ziletti, publiée en 1574. © Domaine public
Carte de Nicolas Samson, publiée en 1657.
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 +  Carte de Nicolas Samson, publiée en 1657. © Domaine public
Carte de Ziletti, publiée en 1574.
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 +  « L’Afrique divisée en ses États principaux », gravure de G. Zuliani extraite du tome I du Plus Récent Atlas publié à Venise en 1776 par Antonio Zatta. © Domaine public

La majorité des cartographes du monde occidental sont pour ainsi dire « convaincus » ou tout du moins « préparés » à l’idée qu’une immense région montagneuse se trouve au coeur de l’Afrique, précisément là où les futurs monts de Kong seront mentionnés quelques années plus tard. Afin d’appréhender l’influence considérable de Léon l’Africain sur la cartographie de l’Afrique, Thomas Bassett (University of Illinois, Urbana-Champaign) et Philip Porter (University of Minnesota, Minneapolis) ont analysé 292 cartes produites entre les XVIe et XXe siècles. Statistiquement, 84 % des cartes publiées au cours de la période 1511-1699 présentent une vaste chaîne de montagnes de direction est-ouest (sans forcément la nommer), une proportion qui ne descend pas en-dessous des 80 % pour la période 1727-1890 [11]. Pendant près de quatre siècles, les cartes de l’Afrique affichent une longue et dense chaîne de montagnes, longeant approximativement le 10e degré de latitude nord.

Les principaux « témoins » de l’existence des monts de Kong : Imhammed et Mungo Park

La concrétisation de l’existence des montagnes de Kong intervient à la fin du XVIIIe siècle avec les récits de différents témoins. Le premier témoignage provient d'« Imhammed », rencontré par le Britannique Simon Lucas à Tripoli (sud-ouest de l'actuelle Libye) au cours de l’automne 1788. Âgé d’une cinquantaine d’années, Imhammed déclare s’être rendu à plusieurs reprises en Nigritie [12] en qualité d’agent du souverain du Fezzan et évoque « une succession de collines parmi lesquelles se trouvent des montagnes d'une hauteur prodigieuse » située entre « la partie du Niger qui forme la limite méridionale du grand empire de Katsina » et l’Asante [13] (appartenant à l’empire ashanti situé dans l’actuel Ghana, 1701-1957), soit à l’endroit exact où Léon l’Africain avait placé des massifs montagneux.

 Ancienne région de la Nigritie présente sur la carte « Negroland and Guinea » réalisée en 1729 par le cartographe anglais Herman Moll. Les monts de Kong apparaissent ici au nord du fleuve Niger. L’erreur d’un écoulement du Niger direction est-ouest est reproduite. En outre, le fleuve Niger se jette certes dans l’océan Atlantique mais au Nigeria et non au Sénégal. © Domaine public

Le second témoignage obtient encore davantage de considération, car émanant d’un explorateur européen particulièrement prestigieux : Mungo Park (1771-1806). De retour d’un voyage à Sumatra (Indonésie) en 1794, Mungo Park offre ses services à l’Association africaine de Londres – qui cherche un successeur à Daniel Houghton (1740-1791) décédé lors de sa dernière exploration – afin de localiser les sources du fleuve Niger que les géographes européens ne connaissent qu’à travers les écrits d’Al-Idrīsī et Léon l’Africain.

Une expédition menée par Mungo Park part pour la Gambie le 22 mai 1795. Le périple est semé d’embûches. Atteignant le fleuve Gambie le 21 juin 1795 puis traversant le lit du Sénégal, Mungo Park est fait prisonnier par les Maures durant quatre mois mais parvient à s’échapper le 1er juillet 1796, uniquement muni d’une boussole. Le 21 juin 1796, Mungo Park devient le premier Européen à atteindre le fleuve Niger, le longeant depuis Ségou (ville du centre-sud du Mali) sur plus de 130 kilomètres. Manquant de ressources, il s’arrête à Silla. Sur le chemin du retour, le 23 août 1796, Park note l’observation suivante : « Vers le sud-est apparaissaient des montagnes très éloignées que j'avais jadis vues d'une éminence près de Marraboo [située entre Koulikoro et Bamako], où les gens m'apprirent que ces montagnes étaient situées dans un grand et puissant royaume appelé “Kong” » [14]. Mungo Park est donc à l’origine du nom des « monts de Kong ».

Tombé gravement malade durant plus de sept mois, l’explorateur rejoint finalement l’Écosse le 22 décembre 1797 alors que son entourage le croyait mort. Le récit de son voyage, rédigé par Bryan Edwards et publié en 1799, suscite un grand enthousiasme et rencontre un immense succès.

Le rôle de James Rennell dans la création des monts de Kong

La personne chargée d’illustrer et de corédiger l’ouvrage de Mungo Park n’est autre que le célèbre géographe, océanographe et historien britannique James Rennell (1742-1830), dont le premier et le plus influent travail est l'Atlas du Bengale (publié en 1779) suivi de la première carte détaillée de l'Inde (1783). Si Park ne mentionne jamais explicitement les monts de Kong, Rennel les ajoute délibérément le long du 10e degré de latitude nord avec une longueur d’environ 1 000 kilomètres totalement injustifiée. Deux cartes sont donc dessinées par Rennell au sein de l’Appendice géographique du livre de Park :

 The Route of Mr Mungo Park (1799) qui représente le parcours de Mungo Park lors de son expédition et...

 ... A Map shewing the Progress of Discovery & Improvement, in the Geography of North Africa qui s’attache à présenter les progrès réalisés en termes de connaissances géographiques grâce à cette l'expédition.

Ne comprenant pas la ligne de partage entre le bassin du Niger et le golfe de Guinée tout en ayant l’intention de valider sa propre thèse selon laquelle le cours du fleuve Niger s’écoule d’est en ouest, Rennell modifie à sa guise les données géographiques transmises par Mungo Park. Aussi, la présence d’une vaste chaîne de montagnes serait une explication parfaite. Sur la première carte, la chaîne de montagnes vue au loin par Park est décrite ainsi par Rennel : « A chain of great mountains extends along these parallels » (soit « Une chaîne de grandes montagnes s'étend le long de ces parallèles »), sans être nommée. En revanche, le terme « Mountains of Kong » apparaît bel et bien sur la seconde carte. Le nom « Kong » est emprunté à une ville bien réelle d’Afrique de l’Ouest, dans l’actuelle Côte d’Ivoire. En 1816, profitant d’une réimpression de l’ouvrage, le cartographe anglais y ajoute une nouvelle description : « He [Park] saw a part of the great ridge of the blue mountains of Kong ». Les monts de Kong seront par la suite souvent qualifiés de « montagnes bleues » par des explorateurs et colons européens au cours du XIXe siècle.

Selon Rennell, les « observations » de Park coïncident avec les « preuves » cartographiques antérieures produites par les grands géographes du Moyen Âge et de l'Antiquité. Personne ne vient contredire le Britannique qui jouit en ce temps-là d’une solide réputation parmi ses pairs. La reconnaissance unanime de l’existence des monts de Kong ne laisse dès lors plus place au doute au sein de la communauté scientifique.

Monts de Kong : d’une existence incontestée à la mise à jour d’une falsification géographique

Une chaîne de montagnes présente sur presque tous les atlas du XIXe siècle

Les monts de Kong de Rennel sont rapidement reproduits au sein d’autres cartes, à l’instar de celle du géographe anglais Aaron Arrowsmith (1750-1823) – connu pour sa carte du monde en projection Mercator de 1790 – intitulée « A New Map of Africa » publiée dès 1802. Le cartographe John Pinkerton (1758-1826) produit diverses cartes où les monts de Kong sont bien visibles, notamment « Map of the Eastern Hemisphere » ou bien encore « Map of Western Africa (Niger Valley - Mountains of Kong) », dessinées en 1818 et présentes dans son New Modern Atlas de 1819.

 Carte « A New Map of Africa » d'Aaron Arrowsmith, publiée en 1802. © Domaine public

 L'Afrique de l'Ouest représentée sur la carte « A New Map of Africa » (1802) d'Aaron Arrowsmith où les monts de Kong apparaissent. © Domaine public

 « Map of the Eastern Hemisphere » (1818) de John Pinkerton. © Domaine public

 « Map of Western Africa (Niger Valley - Mountains of Kong) » (1818) de John Pinkerton. © Domaine public

De nombreux géographes expliquent les phénomènes observés le long des côtes d’Afrique de l’Ouest, zone mieux connue des Européens en raison de la présence de leurs nombreux comptoirs commerciaux, par une estimation de la topographie de l’intérieur des terres. En 1819, G. A. Robertson note que « ces montagnes sont très élevées et leurs sommets sont presque constamment couverts de neige. Les habitants qui résident près de ces montagnes portent de la feutrine et autres draps de laine pour se protéger du froid » [15]. James Macqueen (1778-1870), militant pro-esclavagiste et « spécialiste » de la géographie africaine bien que n’ayant aucune formation universitaire, affirme que la puissance des cours d’eau est une preuve évidente de la haute altitude des monts de Kong [16].

Louis Gaultier (1746-1818) dit « l’abbé Gaultier », pédagogue précurseur de l'école mutuelle [17], indique dans sa Géographie que le fleuve Niger « prend sa source dans les montagnes de Kong », « traverse toute la Nigritie » tout en signalant que son « cours ensuite n’est pas encore connu » [18]. Il classe d’ailleurs la chaîne des monts de Kong parmi les huit principales montagnes du continent africain :

« Combien y a-t-il de montagnes principales en Afrique ? Il y en a huit, qui sont : les monts Atlas, qui s’étendent depuis l’Égypte jusqu’à l’océan Atlantique ; les monts Abesh, le long de la mer Rouge, dans l’Égypte et la Nubie ; les monts de la Lune, au centre de l’Afrique ; les monts Lupata ou l’Épine du Monde, le long de la côte orientale de l’Afrique : les montagnes de Madagascar, dans l’île de ce nom ; les monts de Kong, qui séparent la Nigritie de la Guinée...».
Source : « Lecon VII. [points 256 et 257] » in : J.-J. de Blignières, F. Demoyencourt et al., Géographie de l’abbé Gaultier, entièrement refondue et considérablement augmentée, 5e édition, Paris, Jules Renouard, 1831.

Tout au long du XIXe siècle, les monts de Kong apparaissent sur la quasi-totalité des cartes de l’Afrique, dont les prestigieux atlas de l’américain Samuel Augustus Mitchell (1792-1868) intitulés Mitchell's School and Family Geography et régulièrement réimprimés au cours de la période 1839-1857.

 « Map of Africa » de Samuel Augustus Mitchell (Mitchell's School and Family Geography, No. 14, Philadelphia, Thomas, Cowperthwait & Co, 1839). © Domaine public

 Détails du golfe de Guinée montrant les régions ouest-africaines (Samuel Augustus Mitchell, Mitchell's School and Family Geography, No. 14, Philadelphia, Thomas, Cowperthwait & Co, 1839). © Domaine public

 Milner's Descriptive Atlas de Thomas Milner paru en 1850. © Domaine public

 Détails montrant la Guinée et les régions environnantes (Thomas Milner, Milner's Descriptive Atlas, 1850) © Domaine public

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, les manuels scolaires français en viennent même à donner des descriptions particulièrement bien détaillées des monts de Kong :

« À l'ouest et au sud du Soudan, parallèlement à la côte de l'Atlantique et du golfe de Guinée, s'élève un massif de montagnes couvertes de forêts, taillées en gradins, coupées de gorges sauvages et pittoresques et s'abaissant en amphithéâtre vers les côtes sablonneuses de la Sénégambie et de la Guinée septentrionale : c'est la chaîne des monts de Kong qui se prolonge peut-être dans l'Afrique intérieure par les hautes montagnes que quelques voyageurs y ont entrevues, à peu de distance au nord de l'équateur ».
Source : M. H. Pigeonneau, Géographie physique de la France et des cinq parties du monde, 1877 [3e édition corrigée], visualisable sur Gallica – BnF, URL, consulté le 14/11/2022.

« Au centre, les anciens géographes indiquaient les montagnes de la Lune que des voyageurs modernes ont cru retrouver un peu plus au sud de l'équateur, dans les monts Kénia et Kilima n'Djaro qui atteignent près de 6 000 mètres et qui, sous l'équateur, sont couverts de neiges éternelles. Dans la même direction, plus au sud, les monts Lupata, plus loin, les montagnes des Dragons ou Drakenberge, et les monts Nieuweveld. À l'Ouest, non loin du golfe de Guinée, s'élèvent les montagnes de Kong et les monts Camérouns qui ont jusqu'à 4 200 mètres d'altitude ».
Source : Eugène Cortambert, Géographie générale de l'Afrique, de l'Asie, de l'Océanie et de l'Amérique, classe de cinquième, 1886, visualisable sur Gallica – BnF, URL, consulté le 14/11/2022.

Les monts de Kong sont visibles sur la carte physique de l’Afrique réalisée en 1885 par le géographe français de renom Paul Vidal de La Blache :

 Représentation des monts de Kong sur la carte physique de l’Afrique [vue partielle] du géographe français Paul Vidal de La Blache (1885), visualisable sur Gallica – BnF, URL © Domaine public

Ces indices qui démontraient déjà que les monts de Kong n’ont jamais existé

Certains indices auraient pu interpeler les cartographes du XIXe siècle sur l’existence véritable des monts de Kong. Le témoignage d’un ancien esclave dénommé Abu Bakr al-Siddiq [19], également connu sous le nom d’Edward Doulan (parfois orthographié « Donlan »), est à ce titre intéressant. Son père, marchand et voyageur aisé à la recherche d’or, se rend dans la ville de Bouna (Côte d’Ivoire) et y décède quelques temps plus tard. Désireux de visiter la tombe de son père, Abu Bakr al-Siddiq se retrouve à Bouna avec son tuteur lorsqu’une guerre éclate entre les sultans locaux. Capturé et réduit à l’esclavage, le jeune Abu Bakr alors âgé d’une vingtaine d’années est contraint de transporter des marchandises jusqu’à la côte atlantique, soit un trajet censé lui faire traverser ou, au minimum apercevoir, les fameux monts de Kong. Une fois arrivé dans une ville portuaire, Abu Bakr est vendu à des chrétiens et déporté par bateau en Jamaïque après un voyage de trois mois, probablement en 1807 ou 1808. Il est affranchi par son propriétaire Alexander Anderson qui lui donne le nom d’« Edward Doulan » [20].

Un jour, sur un marché jamaïcain, Doulan rencontre le magistrat britannique Robert Madden. Ce dernier, intrigué par l’élégante écriture en langue arabe de l’ancien esclave, l’interroge sur son passé et, visiblement passionné par son témoignage, lui propose de retranscrire son histoire. Bien que mal traduit, le récit de Doulan apparaît à la page 126 du journal de voyage de Madden, A Narrative of Twelvemonths Residence in the West Indies (1835). Dans une note, Madden explique que « le [récit] a été écrit en arabe. L'homme parle bien et correctement l'anglais pour un nègre, mais ne sait cependant ni le lire, ni l’écrire. Je lui ai fait lire puis traduire l’original mot à mot ; et d'après le peu de connaissance que j'ai de la langue parlée, je peux sans risque vous en présenter cette version comme une traduction littérale ».

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En effet, lettré du fait de sa confortable condition sociale initiale, Abu Bakr rédige au moins trois copies de son autobiographie en langue arabe : celle lue à Madden en Jamaïque [21], une autre rédigée à bord d’un navire à destination de Londres après son affranchissement, et une troisième qui est traduite en français et en anglais par l’ecclésiastique français G. C. Renouard. Les deux versions écrites par Renouard sont légèrement plus détaillées que la version de Madden, avec notamment l’ajout de noms d'individus et de villes. Or, comme le souligne l’anthropologue Emmanuel Terray, Abu Bakr al-Siddiq « qui a parcouru la région en tous sens avant d’être capturé [...] ne souffle pas un mot des montagnes de Kong » [22].

Autre témoignage relativement prudent quant à l’existence des monts de Kong, celui du Tartare Wargee qui atteint le Cape Coast (Ghana) en juin 1822 après avoir traversé une grande partie de l’Afrique de l’Ouest via Tombouctou, Djenné, Bobo-Dioulasso, Kong ou encore Kumasi :

« Lorsqu'on lui a demandé s'il avait vu des montagnes près de Kong, sa réponse a été qu'il avait vu plusieurs grandes montagnes, mais il n'avait pas remarqué ou ne se souvenait pas de leur direction, et on ne pouvait pas non plus comprendre qu'il y avait une chaîne continue. »
Source : Ivor Wilks, “Abu Bakr al-Siddiq of Timbuktu” in Africa Remebered: Narrative by West Africains from the Era of the Slave Trade, Ed. Philip D. Curtin, Madison, University of Wisconsin Press, 1967, p. 152-169.

Il convient toutefois de reconnaître que ces récits ne rencontrent pas de succès équivalent à celui de Mungo Park, expliquant sans doute pourquoi aucun cartographe ne daigne les mettre en exergue dans un de ses travaux. Pourtant, suite à leur expédition en Afrique de l’Est (1856-1860) pour rechercher les sources du Nil, les explorateurs britanniques Richard Francis Burton (1821-1890) et John Hanning Speke (1827-1864) remettent sérieusement en doute la longueur totale des monts de Kong puisque les montagnes de la Lune avec lesquelles ils sont supposés faire la jonction « seraient une pure illusion« », comme le relate un article du journal Le Siècle daté du 8 février 1859 :

« On avait aussi parlé de la jonction avec les monts de Kong [...] Des missionnaires avaient vu distinctement les montagnes de la Lune couvertes de neiges : et comme ces neiges étaient réputées perpétuelles, on avait induit de là que les sommets atteignaient au moins 4 500 mètres au-dessus du niveau de la mer [...]. Eh bien ! selon MM. Burton et Speke, les montagnes de la Lune seraient une pure illusion, ils ont pénétré non loin au sud de la latitude réputée de ces montagnes, et ils n'en ont aperçu nulle trace. En conséquence, et par un jeu de mots emprunté au sujet, les deux capitaines traitent l'existence de ces montagnes de plaisanterie, moonshine ! »
Source : Le Siècle, le 8 février 1859 (p. 3-4) in Retronews.fr, site de presse de la Bibliothèque nationale de France. URL, consulté le 14/11/2022.

Découverte de la supercherie et fin du mythe des monts de Kong

Attirés par l’or dont sont censés regorger les monts de Kong, les Français, installés depuis le début des années 1840 à Assinie et à Grand Bassam (capitale de la Côte d'Ivoire de 1893 à 1900 durant la période coloniale), ont pour objectif d’explorer plus en profondeur l’intérieur des terres. Emmanuel Terray mentionne des écrits de militaires français. En 1864, le lieutenant de vaisseau Desnouy affirme que la ville de Bondoukou se situe « au pied du versant méridional des montagnes de Kong, à environ 100 lieues dans le NNE d’Assinie », tandis qu’en 1866 le lieutenant de vaisseau Aimedieu suppose que la saison des pluies responsable des fortes crues observées annuellement en mai-juin dans l’Akba « concorderait assez bien [...] avec la saison de la fonte des neiges, si tant est qu’il y en ait, du versant de la chaîne des Kongs » [23].

Les forces coloniales françaises craignent que l’or des monts de Kong fasse l’objet d’un important trafic. Un argument repris en mai 1888 par Marcel Treich-Laplène (1860-1890), premier administrateur colonial de la Côte d'Ivoire, afin de justifier son souhait d’entreprendre une expédition à destination de la partie septentrionale de l’actuelle Côte d’Ivoire : « la chaîne Kong, encore absolument inconnue sur l’ouest de l’Akba, contient les gisements aurifères qui, depuis cinq cents ans, alimentent la Côte dite de l’Or [Ghana] » [24].

 Louis-Gustave Binger, l'explorateur français qui découvre que la chaîne des montagnes de Kong qui figurait jusque-là sur les cartes n’a jamais existé. © Antoine Meyer | Bibliothèque nationale de France

Cependant, la découverte de la supercherie des monts de Kong est faite par Louis-Gustave Binger (1856-1936), explorateur français de l’Afrique de l'Ouest. Le militaire et administrateur colonial en poste à Dakar (Sénégal) Louis Faidherbe (1818-1889), féru d’ethnographie et de géographie, engage Binger pour l’aider à étoffer ses travaux linguistiques. Par cette mission qui lui est confiée, Binger entend profiter de l’occasion pour atteindre une partie de l’Afrique encore inexplorée et très peu connue des Européens :

« Une autre question importante mériterait également d’être menée à bien : je veux parler de la reconnaissance de la chaîne de Kong [...] On sait que c’est dans les vallées de cette grande arête montagneuse qu’on récolte tous les colas qui sont transportés par les ânes renommés de Mossi jusqu’à Tombouctou et au-delà du Tchad. C’est également de cette chaîne que provient l’or qui s’échange sur la Côte comprise entre le Cap des Palmes et Cape Coast, et qui est connue sous le nom de Côte d’Or ».
Parti de Bamako en février 1887, Binger traverse Tenetou puis Sikasso (Mali actuel) avant de gagner la ville de Kong (nord-est de la Côte d'Ivoire actuelle) le 20 février 1888. Le constat est sans appel : « il n’y a pas la moindre montagne à Kong ni aux environs ; la contrée est une grande plaine, sorte de Plateau situé à 650 et 700 mètres d’altitude. »
Source : L. G. Binger, « exposé des motifs de sa mission » (18 décembre 1886) et « note à l’attention du colonel supérieur du Soudan » (10 mars 1888), ANSOM, Missions 12, 1888.

Au sein de son ouvrage publié en 1892, Binger revient sur cette déception, et ce, non sans amertume : « À l’horizon, on n’aperçoit même pas une ride de collines : la chaîne des montagnes de Kong n’a jamais existé que dans l’imagination de quelques voyageurs mal renseignés » [25]. Suite à ce témoignage, les montagnes de Kong disparaissent définitivement des planisphères et autres cartes de l’Afrique.

Sur le pouvoir autoritaire des cartes dans l’inconscient collectif

L’anthropologue Emmanuel Terray émet diverses hypothèses susceptibles d’être à l’origine du mythe, citant notamment les collines du Togo ou les falaises de Bandiagara qui auraient pu inciter les explorateurs à combler cette « horreur du vide », les poussant à « “meubler” les cartes et à trouver les montagnes plus “intéressantes” que les plaines » [26].

Toutefois, si la falsification intentionnelle de Rennel avec pour dessein d’obtenir une certaine renommée n’est pas à exclure, dans le cas d’un témoignage sincère le concept du « pouvoir autoritaire des cartes » avancé par Thomas Bassett et Philip Porter peut également faire sens [27]. En effet, d’autres explorateurs du XIXe siècle comme Hugh Clapperton (1788-1827) et son domestique Richard Lander (1804-1834) ont déclaré, après avoir traversé le pays Yoruba et le fleuve Niger à Boussa (nord-ouest de l'actuel Nigeria) en janvier 1826 et atteint Kano en juillet de la même année, n’avoir jamais vu une chaîne de montagnes aussi grande que celle des monts de Kong [28].

De ce fait, compte tenu de la célébrité de ce massif montagneux à l’époque – accompagné de toutes les légendes s’y rattachant – il n’est pas impossible que même les personnes de bonne volonté croient alors apercevoir les contreforts des monts de Kong au moindre terrain accidenté ou relief vallonné, et ce, même si les coordonnées géographiques ne coïncident absolument pas. Ainsi, l’influence des cartes sur l’inconscient collectif est telle qu’il devient impossible de mettre en doute leur « matérialité », car une fois les monts de Kong cartographiés, le doute ne suffit pas et il convient désormais de prouver leur inexistence. Reste à savoir qui est considéré le plus apte à témoigner, les sociétés humaines ayant souvent leurs propres échelles de valeur qui ne sont pas toujours en adéquation avec les principes scientifiques universels.


Notes et références

  • [1] Gerald R. Tibbetts, “4. The Beginnings of a Cartographic Tradition” in Traditional Islamic and South Asian Societies, History of Cartography (vol. 1 and 2), Edited by J. B. Harley and David Woodward, Chicago (IL) and London, 1992, p. 90-107. À noter que la redécouverte du Manuel de géographie par les savants européens au cours du XVe siècle permet d’impulser l’étude de la géographie mathématique et de la cartographie en Europe.
  • [2] Jerry Brotton, A history of the world in twelve maps, London, Penguin Books, 2012.
  • [3] Le nom exact de cet ouvrage est Le livre des voyages agréables dans des pays lointains, également connu sous le nom de Tabula Rogeriana (littéralement « Le Livre de Roger »). Cf. Al-Idrīsī, Description de l'Afrique et de l'Espagne, éd. et trad. par R. Dozy et M.J. de Goeje, Leyde, E. J. Brill, 1968 (réimpr. de l'éd. de 1866).
  • [4] Cf. Roshdi Rashed (dir.) et Edward S. Kennedy, Histoire des sciences arabes, vol. 1 : Astronomie, théorique et appliquée, Seuil, 1997 ; Ibidem Brotton 2012.
  • [5] Hubert Houben, Roger II of Sicily: A Ruler Between East and West, Cambridge University Press, 2002.
  • [6] Emmanuel Terray, « Grandeur et décadence des montagnes de Kong », in : Milieux, histoire, historiographie, Cahiers d'études africaines, vol. 26, n°101-102, 1986, pp. 241-249.
  • [7] À noter que lorsque l’ouvrage Description de l'Afrique rencontre un immense succès en Occident, Hassan Al-Wazzan a quitté Rome depuis longtemps, sans doute pour disparaître en terre d’Islam. Aussi, sa date de décès demeure inconnue, probablement située entre 1527 et 1555 de l’ère chrétienne.
  • [8] Emmanuel Terray, op. cit., 1986.
  • [9] François Pouillon (dir.), Alain Messaoudi, Dietrich Rauchenberger et Oumelbanine Zhiri, Léon l’Africain, coll. Terres et Gens d’Islam, Editions Karthala, 2009.
  • [10] R. Cendrini et al., L'Africa ritrovata. Antiche carte geografiche dal XVI al XIX secolo, Palermo, Università di Palermo, 1986.
  • [11] Thomas J. Bassett and Philip W. Porter, “'From the Best Authorities': The Mountains of Kong in the Cartography of West Africa”, The Journal of African History, Vol. 32, Cambridge University Press, 1991, pp. 367-413.
  • [12] La Nigritie, également nommée « Pays des Noirs » ou Negroland, est l’ancien nom d’une région d’Afrique qui correspond aux territoires du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Guinée, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad, du nord du Nigeria voire du centre-ouest du Soudan jusqu’aux montagnes de l’Éthiopie.
  • [13] Proceedings of the Association for Promoting the Discovery of the Interior Parts of Africa, London: printed for T. Cadell, in the Strand, 1791.
  • [14] Mungo Park, Voyage dans l'intérieur de l'Afrique, Éd. La Découverte/poche, mai 2009 [traduction de l’ouvrage original intitulé Travels in the Interior Districts of Africa: Performed Under the Direction and Patronage of the African Association, in the Years 1795, 1796, and 1797, ed. London: W. Bulmer and Company, 1799].
  • [15] G. A. Robertson, Notes on Africa, particularly those Parts which are Situated between Cape Verd and the River, London, Sherwood, Neely & Jones, 1819.
  • [16] J. Macqueen, A Geographical and Commercial View of Northern Central Africa..., W. Black-wood, 1821.
  • [17] Également connue sous les noms de « système Madras », « instruction mutuelle » ou « enseignement mutuel », l’école mutuelle est une méthode d’enseignement qui s’est imposée au début du XIXe siècle. Son principe repose entre autres sur l'utilisation des élèves les plus aptes comme « assistants » de l'enseignant. L’abbé Gaultier est un des premiers pédagogues à proposer aux élèves d’apprendre en s’amusant.
  • [18] Cf. « Lecon VII. [points 256 et 257] » in : J.-J. de Blignières, F. Demoyencourt et al., Géographie de l’abbé Gaultier, entièrement refondue et considérablement augmentée, 5e édition, Paris, Jules Renouard, 1831.
  • [19] À ne pas confondre avec Abou Bakr As-Siddiq (573-634), compagnon et successeur du prophète Mohammed (« Mahomet » dans le monde francophone) et premier calife de l’islam qui n’a pas du tout vécu à la même époque.
  • [20] Cf. Anthonia C. Kalu, “The African Travels of Abu Bakr al-Siddiq” in: The Rienner Anthology of African Literature, Boulder: Lynn Rienner, 2007, p. 200-205 ; Muhammad A. Al-Ahari, “Abu Bekr Sheriff of Timbuktoo - Written in Jamaica 1834” in: Five Classic Muslim Slave Narratives (American Islamic Heritage Series), CreateSpace, 2011.
  • [21] Al-Sadika, Abu Bekr, “The Narrative of the Scherife of Timbuctoo” in A Twelvemonths Residence in the West Indies, Ed. R.R. Madden, London, James Cochrane and Co., Waterloo Place, 1835.
  • [22] Emmanuel Terray, op. cit., 1986.
  • [23] Ibid.
  • [24] Rapport de Marcel Treich-Laplène sur Assinie, 12-14 mai 1888, Revue de Géographie, XXXVII, décembre 1895.
  • [25] Louis-Gustave Binger, Du Niger au golfe de Guinée, par le pays de Kong et le Mossi (1887-1889), Paris, Hachette, 2 vol., 1892.
  • [26] Emmanuel Terray, op. cit., 1986.
  • [27] Thomas J. Bassett and Philip W. Porter, op. cit., November 1991.
  • [28] Richard Lemon Lander, seul membre européen survivant de l’expédition menée par Clapperton, parvient à ramener les notes de voyage et un ouvrage est par la suite imprimé à Londres (Cf. Hugh Clapperton and Richard Lander, Journal of a second expedition into the interior of Africa, from the Bight of Benin to Soccatoo by the late Commander Clapperton of the Royal Navy to which is added The Journal of Richard Lander from Kano to the Sea-Coast Partly by a More Easterly Route, London, Ed. John Murray, 1829).