Classement des États du monde par population du littoral à faible altitude (%)

Par Atlasocio.com | Mis à jour le 24/06/2025

Les États présentant les plus fortes proportions de population vivant sur un littoral menacé par la montée des eaux (en % de la population totale) sont le Guyana, le Suriname, les Îles Marshall, les Pays-Bas, et les Maldives. Au niveau mondial, 4,06 % de la population vivaient en 2015 sur des terres côtières situées à moins de 5 mètres d’altitude, contre 3,95 % en 2000 et 3,86 % en 1990.

Phénomène de littoralisation : entre dynamiques humaines, vulnérabilités climatiques et enjeux de résilience côtière

La concentration croissante des populations humaines sur les côtes, phénomène désigné par le terme de littoralisation, traduit une tendance ancienne mais désormais amplifiée par la globalisation économique, l’urbanisation rapide et le développement du tourisme. En 2017, on estimait que plus de 60 % de la population mondiale vivait à moins de 100 km d’un littoral. Toutefois, au-delà de cette proximité côtière, une part non négligeable de la population mondiale réside spécifiquement dans des zones appelées zones côtières de faible altitude (Low Elevation Coastal Zones – LECZ), c’est-à-dire des terres situées à moins de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer. Ces régions, abritant des dizaines de millions de personnes, sont exposées de manière directe à des risques naturels croissants.

Définition du terme zone littorale de faible altitude (LECZ) :
« Une zone littorale de faible altitude (en anglais Low Elevation Coastal Zone, LECZ) désigne une portion de territoire côtier située à moins de cinq mètres au-dessus du niveau moyen de la mer. Ces zones incluent aussi bien les régions urbaines que rurales, et peuvent s’étendre sur plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des terres. Elles sont particulièrement vulnérables aux risques liés à l’élévation du niveau marin, aux submersions temporaires ou permanentes, ainsi qu’à l’érosion côtière. » [Définition : Atlasocio.com]

L’analyse des données par pays révèle des disparités considérables dans la proportion de population vivant dans les LECZ. Les États les plus concernés sont majoritairement insulaires ou deltaïques. Ainsi, dans les atolls du Pacifique comme Tuvalu, les Kiribati ou les Maldives, la quasi-totalité du territoire national est située à une très faible altitude, rendant tout phénomène de submersion marine potentiellement catastrophique à l’échelle nationale. De même, dans les grands deltas densément peuplés, tels que ceux du Gange-Brahmapoutre (Bangladesh, Inde), du Mékong (Viêt Nam) ou du Yangzi Jiang (Chine), les pressions démographiques accentuent l’exposition au risque d’inondation saisonnière et permanente.

À cette exposition géophysique s’ajoutent des dynamiques humaines préoccupantes. Dans de nombreuses régions côtières à faible altitude, la croissance urbaine s’effectue de manière non planifiée, entraînant l’occupation de zones humides, la disparition des mangroves et la destruction des barrières naturelles de protection. En outre, les infrastructures côtières (ports, zones industrielles, résidences touristiques) participent à l’artificialisation des sols, rendant les littoraux encore plus vulnérables à l’intrusion marine. Ainsi, la combinaison de la pression anthropique et de l’élévation du niveau de la mer constitue une menace directe pour la sécurité des populations.

En revanche, les pays enclavés à relief accidenté ou montagneux (comme le Népal, la Suisse ou l’Afghanistan) restent globalement épargnés. Toutefois, cette relative sécurité géographique ne doit pas masquer les effets indirects que les phénomènes climatiques globaux peuvent avoir sur les flux migratoires, la sécurité alimentaire et la stabilité économique, notamment à travers les chaînes d’approvisionnement portuaires.

Les projections scientifiques, notamment celles relayées par la revue Nature, suggèrent qu’en l’absence de politiques d’atténuation ambitieuses, le niveau moyen des mers pourrait augmenter de plus de deux mètres d’ici 2100 en raison de la fonte accélérée des calottes glaciaires, notamment en Antarctique. Une telle élévation entraînerait la submersion régulière – voire définitive – de certaines zones côtières densément habitées. Selon les estimations du Climate Central, d’ici à 2050, plus de 300 millions de personnes pourraient être exposées à des inondations annuelles. Les pays les plus concernés comprennent la Chine, le Bangladesh, l’Inde, le Viêt Nam, l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Japon, ce qui reflète une concentration préoccupante du risque en Asie du Sud et du Sud-Est.

Face à cette situation, la planification urbaine, les stratégies de relocalisation des populations à risque, la restauration des écosystèmes côtiers (mangroves, dunes, marais salants) et le renforcement des infrastructures de défense contre la mer apparaissent comme des priorités. Plusieurs pays ont déjà entrepris des projets ambitieux en ce sens, à l’image du Viêt Nam avec la consolidation de ses digues, ou des Pays-Bas avec leurs polders. Néanmoins, ces approches techniques ne sauraient suffire sans une gouvernance cohérente intégrant les dimensions sociales, environnementales et économiques du risque. Ainsi, la vulnérabilité humaine face au changement climatique met en exergue des réalités géographiques souvent négligées dans les politiques de développement, rappelant la nécessité de penser les enjeux côtiers dans une perspective systémique et transnationale.

Sources

1. • Scott A. Kulp & Benjamin H. Strauss, “New elevation data triple estimates of global vulnerability to sea-level rise and coastal flooding”, Nature Communications, vol. 10, article n°4844, 29 October 2019. URL : URL
2. • GIEC, 6^e rapport d’évaluation, Groupe de travail I, Chapitre 9 : Changements du niveau de la mer, 2021. URL : URL, consulté le 23/06/2025.
3. • NASA Earth Observatory, Global Temperatures, consulté en 2025. URL : URL, consulté le 23/06/2025.
4. • NOAA Climate.gov, Climate Change: Global Temperature, consulté en 2025. URL : URL, consulté le 23/06/2025.
5. • NOAA NCEI, Climate at a Glance – Global Time Series (1850–2025), consulté en 2025. URL : URL, consulté le 23/06/2025.
6. • GIEC, Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère, 2024. URL : URL, consulté le 23/06/2025.

• ▶ VOIR AUSSI :
• – Cartes du monde relatives à la population du littoral à faible altitude (%)
• – Cartes du monde relatives à la densité de population
• – Cartes du monde relatives au taux d'urbanisation
• – Cartes du monde relatives aux agglomérations les plus peuplées

Part faible                                                  Part élevée