Classement des États du monde par production de manioc

Par Atlasocio.com | Mis à jour le 14/07/2022

Les principaux États producteurs de manioc au monde sont le Nigeria, la République démocratique du Congo, la Thaïlande, le Ghana et l'Indonésie. Les pays et territoires ayant les plus faibles productions de manioc sont les Îles Cook, les Maldives, Niue, Antigua-et-Barbuda et Porto Rico.

Manioc : étymologie, origine et culture

Le terme « manioc » (ou yuca, nom scientifique : Manihot esculenta) – issu des langues amérindiennes tupi – désigne un arbuste ligneux de la famille des Euphorbiaceae originaire d'Amérique du Sud. Dans l'usage courant, le mot « manioc » sert à qualifier aussi bien la plante elle-même que sa racine voire la fécule qui en est extraite. Il existe deux variétés principales de manioc, à savoir le manioc « amer » et le manioc « doux ».

Le manioc est domestiqué par les population amérindiennes environ 8 000 ans avant l'ère chrétienne dans le sud-ouest du bassin amazonien (nord de la Bolivie et centre-ouest du Brésil). Vers -4 600, la culture du manioc apparait dans le golfe du Mexique, dont les preuves archéologiques sont attestées par les fouilles du site olmèque de San Andrés, dans l'État mexicain de Tabasco. Compte tenu de son potentiel nutritif, le manioc devient un aliment de base pour de nombreux peuples d'Amérique du Sud et centrale, sans oublier les Caraïbes. Découvert aux alentours de l'an 1 500 de l'ère chrétienne par les Européens, ces derniers restent cependant longtemps réfractaires à manger du manioc ou du maïs, préférant de loin les aliments portugais ou espagnols, en particulier le pain de blé, l'huile d'olive ou le vin rouge. Néanmoins, la culture du manioc se poursuit et ce, pour des raisons pragmatiques : le climat tropical des régions américaines colonisées par les Européens n'était pas adapté à la plantation de blé tandis que le manioc ne périssait pas aussi rapidement que le pain ordinaire. De ce fait, les marins des puissances européennes sont alors approvisionnés en grandes quantités de pain de manioc.

Les premières mentions précises du manioc et de ses utilisations (racine, fécule, bouillie) figurent au sein de l'ouvrage du voyageur français Jean de Léry intitulé Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique et publié en 1578. Plus tard, une description scientifique du manioc est opérée par Willem Piso dans son ouvrage Historia naturalis Brasiliae, publié en 1648 à Amsterdam. Via la colonie de Sao Tomé-et-Principe, le manioc est introduit en Afrique par des commerçants portugais en provenance du Brésil au XVI^e siècle. À peu près à la même période, des plantations de manioc voient le jour en Asie, notamment dans les actuels territoires de la Malaisie, de l'Indonésie, du Timor oriental et des Philippines. Désormais, les sociétés humaines d'Afrique, d'Asie et d'Amérique consomment essentiellement les racines (riches en glucide et dépourvues de gluten) et les feuilles du manioc sous forme de bouillie.

Utilisations commerciales et industrielles du manioc

En Afrique, le manioc a remplacé de nombreuses cultures vivrières autochtones. Sur le continent asiatique, le manioc subit la concurrence du riz en termes de nourriture. Aussi, bien qu'il s'agisse d'un aliment de base apprécié dans certaines parties de l'est de l'Indonésie, le manioc amer est principalement cultivé pour la production de biocarburants et surtout l'extraction de l'amidon (appelé tapioca) en Thaïlande, au Cambodge et au Viêt Nam. La transformation du tapioca demeure l'un des plus grands secteurs industriels d'Asie du Sud-Est, ayant plusieurs débouchés commerciaux dont l'alimentation humaine et/ou animale ainsi que l'industrie agroalimentaire où le tapioca est employé en tant qu'épaississant pour les soupes et les desserts.

Les tubercules du manioc sont également utilisés dans la préparation de boissons alcoolisées distillées : le cauim, la tiquira ou la cachaça (Brésil), le kasiri (Guyana, Suriname), l'impala (Mozambique), le masato (Pérou), etc. Enfin, divers types de fécules issues des racines de manioc sont consommés tels que la farinha brésilienne et le gari (ou garri) africain. Entrant dans la composition de nombreux mets d'Afrique de l'Ouest (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana, Nigeria, Togo...), la préparation traditionnelle du gari consiste à peler les racines de manioc et à les mettre dans l'eau pendant trois jours afin de les faire fermenter. Par la suite, les racines sont séchées, cuites ou frites dans de l'huile de palme pour les conserver.

Au début du XXI^e siècle, le manioc est devenu un aliment majeur au sein des pays en développement, fournissant une alimentation de base à plus d'un demi-milliard de personnes, en particulier en Afrique et en Amérique. En effet, le manioc occupe la troisième place mondiale en tant que source de glucides alimentaires dans les tropiques, après le riz et le maïs. La production mondiale de manioc est de 302,7 millions de tonnes (Mt) en 2020, contre 175,8 Mt en 2000, 124,1 Mt en 1980 et 71,3 Mt en 1961.
Sources : Jean de Léry, Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique, Éditions Antoine Chuppin, La Rochelle, 1578 ; W. Jones, William, Manioc In Africa, Stanford University, 1959 ; C.Fauquet et D. Fargette, "African Cassava Mosaic Virus: Etiology, Epidemiology, and Control", Plant Disease, 74 (6): 404–11, 1990 ; "Dimensions of Need: An atlas of food and agriculture", Food and Agriculture Organization, United Nations, 1995 ; K. M. Olsen, B. A. Schaal, "Evidence on the origin of cassava: phylogeography of Manihot esculenta", National Academy of Sciences of the United States of America, 96 (10): 5586–91, 1999 ; C. Hershey et al., "Cassava in Asia. Expanding the Competitive Edge in Diversified Markets", Food and Agriculture Organization, United Nations, April 2000 ; Kevin O. Pope, Mary E. D. Pohl, John G. Jones et al., "Origin and Environmental Setting of Ancient Agriculture in the Lowlands of Mesoamerica", Science, 292 (5520): 1370–3, 2001 ; Janet Long, Conquest and food: consequences of the encounter of two worlds, UNAM, 2003 ; Felix I. Nweke, "The cassava transformation in Africa", Validation Forum on the Global Cassava Development Strategy, Vol. 2., Rome, Food and Agriculture Organization, United Nations, 2005 ; Thayer Watkins, "The Economic History of Havana, Cuba: A City So Beautiful and Important It Was Once Worth More Than All of Florida", San José State University, Department of Economics, 2006 ; "Cassava", FAOSTAT, Food and Agriculture Organization, United Nations, 2022.

• ▶ VOIR AUSSI :
• – Cartes du monde relatives à la production de manioc
• – Classement des États du monde par production de blé
• – Classement des États du monde par production de maïs
• – Classement des États du monde par production de millet
• – Classement des États du monde par production de riz
• – Classement des États du monde par production de sorgho

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