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Classement des États du monde par population vivant dans des bidonvilles (% population urbaine)

Par Atlasocio.com | Mis à jour le 21/06/2025

 

Les États comptant les parts les plus élevées de population urbaine vivant dans des bidonvilles sont le Soudan du Sud, le Tchad, la République démocratique du Congo, le Soudan, et la Somalie. À l’échelle mondiale, environ 24 % de la population urbaine vivait dans des bidonvilles en 2025, contre 33,1 % en 2010, 39,7 % en 2000 et 47,3 % en 1990.

D’après les données du Programme des Nations unies pour les établissements humains (PNUEH, également appelé ONU-Habitat), le pourcentage de la population urbaine mondiale vivant dans des bidonvilles est passé de 47,3 % en 1990 à environ 24 % en 2025. Toutefois, cette baisse relative masque une réalité préoccupante : en chiffres absolus, la population vivant dans des quartiers informels ne cesse de croître, passant de 689 millions de personnes en 1990 à plus d’un milliard en 2025, souvent dans des conditions précaires. Cette population pourrait dépasser les 2 milliards d’habitants d’ici à 2030. Ce paradoxe illustre les limites des politiques urbaines actuelles face à une urbanisation accélérée dans les pays en développement.

Définition du terme bidonville :
« Un bidonville désigne un regroupement informel d’habitations précaires, généralement construites à partir de matériaux de récupération et situées en marge des zones urbanisées formelles. Ces établissements sont caractérisés par un accès inexistant ou limité à des services essentiels (eau potable, assainissement, électricité), une surpopulation, une insécurité foncière, ainsi qu’une faible qualité structurelle des logements. Les bidonvilles concentrent une population vivant dans des conditions socio-économiques très précaires. » [Définition : Atlasocio.com]

Les principales causes expliquant l’extension des bidonvilles sont multiples. Elles relèvent à la fois de dynamiques démographiques – notamment l’exode rural –, de facteurs économiques tels que le chômage et la pauvreté, ainsi que du poids croissant de l’économie informelle. À cela s’ajoutent des contraintes structurelles : planification urbaine insuffisante, rareté du logement social, ségrégation socio-spatiale, mais aussi des phénomènes conjoncturels liés aux catastrophes naturelles et aux conflits armés.

À l’échelle régionale, l’Afrique subsaharienne demeure la zone la plus touchée par l’habitat informel, avec 50,7 % de la population urbaine vivant dans des bidonvilles en 2020, contre 67,1 % en 1990. Cette amélioration reste toutefois relative, plusieurs pays – comme le Soudan du Sud, le Tchad ou la République démocratique du Congo – affichant encore en 2020 des taux proches ou supérieurs à 80 %. Ces chiffres traduisent une urbanisation largement non maîtrisée, alimentée par des conflits récurrents, une pauvreté persistante et des systèmes urbains incapables de répondre à la demande en logements décents.

En Asie, la situation est contrastée. Des progrès significatifs ont été réalisés dans des pays comme la Chine, où le pourcentage de population urbaine vivant en bidonville est passé de 43,6 % en 1990 à 25,2 % en 2014 (dernières données disponibles), ou encore au Viêt Nam, dont le taux est passé de plus de 60 % à moins de 6 % sur la même période. À l’inverse, des pays comme l’Afghanistan, le Bangladesh, le Pakistan ou la Birmanie continuent d’enregistrer des niveaux élevés, souvent supérieurs à 50 %. L’essor de mégapoles non encadrées y favorise l’expansion de quartiers précaires dépourvus d’infrastructures de base (eau potable, assainissement, électricité).

En Amérique latine, les dynamiques sont également ambivalentes. Si des progrès notables ont été observés au Brésil, au Mexique ou au Pérou grâce à des politiques publiques de réhabilitation et de régularisation foncière, certains pays comme Haïti, le Honduras ou le Nicaragua continuent de connaître des taux élevés. Cette persistance de l’habitat informel résulte d’un cumul de vulnérabilités structurelles, telles que les inégalités sociales, le faible accès au logement, ainsi que de facteurs conjoncturels comme les crises politiques chroniques.

Si environ 90 % des logements informels dans le monde se trouvent dans les pays en développement, le phénomène des bidonvilles ne se limite pas pour autant aux seuls États à revenu faible ou intermédiaire. Dans les pays industrialisés, des formes de précarité urbaine subsistent, bien qu’elles soient souvent désignées autrement (logements informels, squats, sans-abrisme) et restent peu documentées sur le plan statistique. Cette relative invisibilisation n’atténue en rien la réalité des conditions de vie observées dans certains quartiers délaissés ou zones de relégation urbaine, y compris dans les grandes métropoles d’Amérique du Nord ou d’Europe, où la marginalisation spatiale reflète une fragmentation croissante des tissus urbains.

Ainsi, les disparités observées entre les pays et les continents ne s’expliquent pas uniquement par des facteurs économiques, mais également de politiques publiques, de choix de gouvernance urbaine, et de capacité institutionnelle à planifier et encadrer la croissance urbaine. Les États ayant mis en œuvre des politiques de logement social, de régularisation foncière ou de réhabilitation des quartiers précaires ont souvent connu des améliorations plus rapides. À l’inverse, l’absence de vision urbaine concertée et l’urbanisation anarchique renforcent les phénomènes d’exclusion, posant un défi majeur à la durabilité des villes du XXIe siècle.


Classement par zone géographique

Part faible                                                  Part élevée

Note méthodologique : Les données présentées sont issues du programme ONU-Habitat dans le cadre du suivi des Objectifs du Millénaire puis des Objectifs de développement durable. Un « bidonville » y est défini comme un groupe d’individus vivant sous le même toit dans une unité d’habitation ne répondant à au moins un des critères suivants : accès durable à l’eau potable, accès à des services d’assainissement améliorés, sécurité d’occupation (juridique), durabilité du logement (matériaux) et surface habitable suffisante. Cette définition technique, adoptée au niveau international, peut diverger des classifications utilisées par certains États, ce qui explique l’absence de données pour de nombreux pays développés.

Classement des États du monde par population vivant dans des bidonvilles (%)

Source : Millennium Development Goals database, United Nations Human Settlements Programme (UN-Habitat).
Rang État ou territoire Part de la population urbaine vivant dans des bidonvilles (en %)
1990 2000 2010 2020
© Atlasocio.com
Soudan du Sud - 99,80
(est.)
97,00 94,20
(2016)
Tchad 98,90 91,58 85,95 82,00
Congo (RDC) - 71,91
(est.)
74,22 78,36
Soudan - 99,10
(est.)
88,92 73,70
Somalie - 73,50
(est.)
73,60
(2009)
73,60
(2014)
Afghanistan - 63,60
(est.)
64,81 73,30
Niger 83,60 70,04 70,33 70,44
(2018)
Cap-Vert 70,30 70,30
(1990)
70,30
(1990)
70,30
(1990)
Bhoutan 70,00 70,00
(1990)
70,00
(1990)
70,00
(1990)
Érythrée 69,90 69,90
(1990)
69,90
(1990)
69,90
(1990)
Centrafrique 87,50 85,97 71,76 68,91
(2016)
Comores 65,40 64,49 67,45 68,60
(2018)
Corée du Nord 68,50 68,50
(1990)
68,50
(1990)
68,50
(1990)
Bénin 79,30 71,87 69,90 67,93
Madagascar 93,00 91,44 79,43 67,42
Nicaragua 89,10 71,60 67,20 67,20
(2010)
Guinée équatoriale - - 66,30
(2005)
66,20
(2014)
Djibouti - - - 65,60
(2014)
Éthiopie 95,50 92,17 76,70 64,31
Liberia - 75,49
(est.)
71,03 63,88
Angola - 19,70 38,05 62,60
Guinée-Bissau - 83,10
(est.)
75,20 60,81
Jamaïque - - 60,50
(2005)
60,50
(2005)
Oman 60,50 60,50
(1990)
60,50
(1990)
60,50
(1990)
Myanmar (Birmanie) - 29,40 45,44 58,28
Mauritanie - 84,69 67,81 56,00
Pakistan 51,00 71,22 63,60 55,97
Mozambique 75,60 90,10 72,53 54,96
Ouganda 75,00 80,90 67,46 54,01
Côte d'Ivoire 53,40 67,08 59,37 53,21
Sao Tomé-et-Principe - 61,40
(est.)
58,46 52,60
Bangladesh 87,30 58,31 55,09 51,87
Kenya 54,90 63,18 55,45 50,81
Sierra Leone - 73,90 64,33 50,65
Malawi 66,40 81,41 63,84 49,78
Iraq 16,90 33,89 41,62 49,34
Inde 54,90 55,29 51,80 49,01
Guinée 80,40 40,67 44,84 49,01
Nigeria 77,30 74,11 61,54 48,98
Haïti 93,40 61,28 54,76 48,90
Zambie 57,00 63,78 56,02 48,26
Bolivie 62,20 57,94 46,63 46,63
(2014)
Gabon - 57,43 48,07 44,33
(2018)
Yémen - 63,81 50,70 44,20
(2018)
Congo - 87,81 65,99 44,18
Mali 94,20 83,88 62,90 41,93
Namibie 34,40 42,56 41,81 41,40
(2018)
Tanzanie 77,40 81,33 60,04 40,88
Népal 70,60 66,31 51,85 40,28
Cambodge - 84,80 56,60 39,70
Botswana 59,20 58,69 48,08 39,60
Gambie - 56,92 47,91 38,89
Togo - 69,27 53,06 38,50
Rwanda 96,00 71,42 54,01 38,35
Guatemala 58,60 55,50 44,31 37,60
Burundi - 79,70 60,96 36,80
Philippines 54,30 49,97 42,94 36,62
Équateur - 57,41 57,80
(2006)
36,00
(2014)
Libye 35,20 35,20
(1990)
35,20
(1990)
35,20
(1990)
Maldives - 41,54
(est.)
39,86 34,85
Pérou 66,40 47,41 38,17 34,47
(2014)
Timor oriental - - 50,00 33,90
Ghana 65,50 60,37 43,57 33,49
Cameroun 50,80 65,36 49,02 32,67
Sénégal 70,60 67,15 49,38 31,60
Honduras - 44,40 36,22 31,50
(2018)
Iran 51,90 51,90
(1990)
30,30
(2005)
30,30
(2005)
Azerbaïdjan - 50,94 26,93 26,93
Burkina Faso 78,80 82,21 54,38 26,55
Venezuela - 27,82 25,70
(2006)
25,70
(2006)
Lesotho - 62,73 46,21 25,55
Chine 43,60 37,30 29,10
(2009)
25,20
(2014)
Sri Lanka 24,80 24,80
(1990)
24,80
(1990)
24,80
(1990)
Afrique du Sud 46,20 27,61 25,71 24,20
Laos - 54,40 37,30 21,80
Zimbabwe 4,00 27,52 24,54 21,57
Palestine - 30,00
(est.)
25,26 19,50
Indonésie 50,80 35,13 26,85 19,41
Syrie - 10,50
(est.)
22,50
(2007)
19,30
(2014)
Arabie saoudite - - 18,00
(2005)
18,00
(2005)
Mongolie 68,50 57,60 37,74 17,88
Mexique 23,10 32,16 23,59 17,60
Tadjikistan - 60,28 37,53 17,06
Jordanie - 40,02 28,37 16,72
Dominique 16,60 16,60
(1990)
16,60
(1990)
16,60
(1990)
Salvador - 49,50
(est.)
34,49 16,50
Panama - 48,68 27,12 16,30
(2018)
Argentine 30,50 20,29 16,66 15,94
(2012)
Suriname - 7,43 11,62 15,80
Belize - 15,80 15,75 15,73
Paraguay - 42,03 27,04 15,10
Brésil 36,70 34,74 18,20 14,90
(2016)
Turquie 23,40 24,58 17,61 14,13
(2018)
Algérie 11,80 11,80
(1990)
30,80 13,27
Guyana - 26,10 20,38 12,14
Sainte-Lucie - - 11,90
(2005)
11,90
(2005)
République dominicaine 27,90 30,16 18,34 11,25
Maroc 37,40 33,15 19,21 10,85
Eswatini - 55,35 33,08 10,81
Cuba - 2,15 5,30 10,54
Colombie 31,20 21,18 14,45 9,70
Fidji - 15,00
(est.)
12,50 9,40
Monténégro - 19,10 14,90 8,80
Turkménistan - 10,50 9,76 8,51
Irlande - 6,20 7,50 8,50
Arménie - 12,80 10,35 8,39
Tunisie - 10,40
(est.)
10,14 7,64
Trinité-et-Tobago - 11,06 8,72 7,50
(2016)
Chili - 14,62 7,30
(2008)
7,30
(2008)
Hongrie - 15,40 9,10 7,20
(2016)
Géorgie - 13,60 10,91 7,08
Thaïlande - 15,61 11,98 6,79
Moldavie - 26,50 12,30 6,50
(2018)
Grenade - - 6,00
(2005)
6,00
(2005)
Viêt Nam 60,50 45,32 20,60 5,77
Uruguay - 23,70 12,50 5,05
(2014)
Antigua-et-Barbuda 6,90 6,90
(1990)
4,80
(2005)
4,80
(2005)
Liban - 92,40
(est.)
42,19 4,50
(2016)
Autriche - 4,50 4,40
(2006)
4,40
(2006)
Bosnie-Herzégovine - 5,10 4,50 4,00
(2018)
Costa Rica - 12,70 8,12 3,55
Albanie - 28,10 15,40 2,80
Kirghizistan - 47,16 24,80 2,44
Biélorussie - 17,56 9,92 2,28
Ukraine - 5,00 2,50 1,10
(2018)
Égypte 50,20 42,23 14,68 0,90
(2018)
Kazakhstan - 24,46 10,54 0,79