Classement des langues nigéro-congolaises par nombre de locuteurs

Par Atlasocio.com | Mis à jour le 16/01/2022

Les langues nigéro-congolaises comptant le plus grand nombre de locuteurs au monde sont le swahili (kiswahili), le yoruba (yorouba), l'igbo, le zoulou, et le peul. Les langues nigéro-congolaises ayant le moins de locuteurs sont – entre autres – l'abon, le busam, le bolgo, le kugbo, et le tulishi.

Regroupant 1 112 langues vivantes principales (1 436 au total en comptant l'ensemble des langues dogon et les langues éteintes) et 568 990 872 locuteurs natifs, les langues nigéro-congolaises (ou « langues Niger-Congo ») désignent une hypothétique superfamille de langues parlées sur la quasi-totalité de l'Afrique subsaharienne.

Si l'unité génétique du noyau – qualifié de « langues atlantico-congolaises » – des langues nigéro-congolaises est majoritairement acceptée par la communauté scientifique, la structure linguistique interne n'est pas établie avec exactitude. Le principal obstacle à la validité de cette superfamille dans son ensemble s'explique notamment par l'absence de connexion entre les langues mandées et les autres langues nigéro-congolaises. En effet, ne partageant pas les traits morphologiques les plus caractéristiques des langues nigéro-congolaises, comme par exemple le système de classes nominales, le rattachement des langues mandées à cette superfamille de langues ne fait donc pas consensus parmi les chercheurs.

De plus, certaines classifications excluent des langues nigéro-congolaises la branche des langues bantoues en raison du grand nombre de ces langues (562 langues vivantes principales pour l'ensemble des langues bantoïdes) et de leur vaste étendue géographique. D'autres linguistes estiment que les langues kordofaniennes – qui comprennent cinq groupes de langues du Soudan (langues katla, rashad, lafofa, talodi-heiban et kadougliennes) – devraient être reliées à la famille nilo-saharienne et non à la famille Niger-Congo. Aussi, Atlasocio.com opte pour le rattachement du groupe kadouglien aux langues nilo-sahariennes et propose une classification hypothétique des langues nigéro-congolaises, subdivisées en quinze branches :

• – les langues bénoué-congolaises, regroupant 665 langues vivantes principales et 333 313 743 locuteurs natifs en Afrique du Sud, en Angola, au Botswana, au Burundi, au Cameroun, en Centrafrique, en République du Congo, en République démocratique du Congo, aux Comores, au Gabon, en Guinée équatoriale, au Kenya, au Lesotho, au Malawi, au Mozambique, en Namibie, au Nigeria, en Ouganda, au Rwanda, en Somalie, en Eswatini, en Tanzanie, en Zambie et au Zimbabwe. Cette vaste branche linguistique comprend les langues bantoïdes septentrionales et méridionales (dont les les langues bantoues), les langues cross et les langues platoïdes ;
• – les langues voltaïco-nigériennes (yoruba, igbo, éwé, ebira, fon...), regroupant 78 langues vivantes principales et 103 753 660 locuteurs natifs au Bénin, au Ghana, au Nigeria et au Togo ;
• – les langues atlantiques, regroupant 44 langues vivantes principales (peul, wolof, diola...) et 38 313 695 locuteurs natifs en Afrique de l'Ouest (Mauritanie, Liberia, Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée, Sierra Leone, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Cameroun) ;
• – les langues mandées (dont notamment le continuum linguistique des langues mandingues), regroupant 54 langues vivantes principales et 31 622 634 locuteurs natifs en Afrique de l'Ouest (Burkina Faso, Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Sierra Leone, Liberia, Côte d'Ivoire, nord-ouest du Nigeria, nord du Bénin) ;
• – les langues kwa, regroupant 41 langues vivantes principales et 26 481 492 locuteurs natifs en Côte d'Ivoire, au Ghana et au Togo ;
• – les langues gour (ou gur), regroupant 61 langues vivantes principales (moré, mamprusi, bomu, gourounsi, cerma, khisa...) et 21 612 898 locuteurs natifs au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Mali, au Niger, au Nigeria et au Togo ;
• – les langues adamaoua-oubanguiennes (ou langues adamawa-oubanguiennes), regroupant 97 langues vivantes principales et 5 844 775 locuteurs natifs en Centrafrique ainsi qu'au sein des pays limitrophes du Cameroun, du Tchad, du Soudan du Sud, de la République démocratique du Congo et du Nigeria ;
• – les langues krou, regroupant 30 langues vivantes 2 765 270 locuteurs natifs en Côte d'Ivoire et au Liberia ;
• – les langues sénoufo, regroupant 13 langues vivantes principales (cebaara, mamara, supyiré...) et 2 711 200 locuteurs natifs au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Ghana et au Mali ;
• – les langues ijo (ou « langues ijoïdes » avec la langue defaka), regroupant 8 langues vivantes principales et 1 660 200 locuteurs natifs au sud du Nigeria ;
• – les langues dogon, regroupant plus de vingt dialectes parfois intercompréhensibles et 600 000 locuteurs natifs au Burkina Faso et au Mali ;
• – les langues talodi-heiban, divisées en deux branches (talodi et heiban) et regroupant 18 langues (dont deux éteintes) parlées par 229 200 locuteurs natifs dans le Kordofan au Soudan ;
• – les langues rashad (ou langues tegali-tagoi), regroupant deux langues vivantes (le tegali et le tagoi) et 48 700 locuteurs natifs dans le Kordofan au Soudan ;
• – les langues katla, regroupant deux langues vivantes (le katla et le tima) et 28 305 locuteurs natifs dans le Kordofan au Soudan ;
• – les langues lafofa (ou langues tegem-amira), regroupant deux langues (le tegem et l'amira) et 5 100 locuteurs natifs dans le Kordofan au Soudan.

Sources : Maurice Delafosse, Essai de manuel pratique de la langue mandé ou mandingue, Leroux, Paris, 1901 ; Malcolm Guthrie, The Classification of the Bantu Languages, International African Institute, Oxford University Press, London, 1948 ; Diedrich Hermann Westermann, Languages of West Africa (Handbook of African Languages Part II), Oxford University Press, London/New York/Toronto, 1952 ; David Sapir, "West Atlantic: An inventory of the languages, their noun class systems and consonant alternations" in Current Trends in Linguistics, Mouton, The Hague, 1971 ; Paul Polydoor de Wolf, The Noun Class System of Proto-Benue–Congo, Mouton, The Haye / Paris, 1971 ; William E. Welmers, "Niger-Congo, Mande" in Linguistics in Sub-Saharan Africa, Thomas A. Sebeok, Jade Berry, Joseph H. Greenberg et al. (eds.), Mouton, The Hague, 1971 ; Georges Hérault (dir.), Atlas des langues kwa de Côte d’Ivoire, Institut de linguistique appliquée, Université d'Abidjan, 1982 ; Nazam Halaoui, Kalilou Tera et Monique Trabi, Atlas des langues mandé-sud de Côte d'Ivoire, Abidjan, 1983 ; Rhonda L. Hartell (dir.), John Bendor-Samuel (dir), Niger-Congo Languages: A Classification and Description of Africa's Largest Language Family, University Press of America, 1989 ; L. B. Breitbonde, "City, Countryside, and Kru Ethnicity", Africa, 1991 ; Andrew Dalby, Dictionary of Languages, Columbia UP, New York, 1998 ; K. Williamson and R. Blench, “Niger-Congo”, in African Languages: An Introduction, Bernd Heine and Derek Nurse (eds.), Cambridge University Press, Cambridge, 2000 ; Terrence D. Sullivan, A preliminary report of existing information on the Manding languages of West Africa: summary and suggestions for future research, SIL Electronic Survey Reports, 2004 ; Nicolas Quint, Phonologie de la langue koalibe. Dialecte réré (Soudan), l'Harmattan, Paris, 2006 ; Mamadou Lamine Sanogo, « Évolution terminologique et restructuration d’un ensemble linguistique : Le cas du mandingue », Revue internationale de science du langage SUDLANGUES, N°8,‎ 2007 Victor Godé, Le dadjriwalé, langue kru de la Côte d'Ivoire, L'Harmattan, 2008 ; Gerrit Jan Dimmendaal, Historical Linguistics and the Comparative Study of African Languages. John Benjamins Publishing, 2011 ; J. Lee Hochstetler, A Sociolinguistic Survey of Eastern Maninkakan, including the Wassulu area, SIL Electronic Survey Reports, 2012 ; Denis Creissels et Konstantin Pozdniakov, Les classes nominales dans les langues atlantiques, Rüdiger Köppe Verlag, Köln, 2015 ; Harald Hammarström, "An inventory of Bantu languages" in Mark Van de Velde, Koen Bostoen, Derek Nurse, and Gérard Philippson (eds.), The Bantu languages, 2019 ; Roger Blench, An Atlas of Nigerian Languages (4th ed.), Kay Williamson Educational Foundation, Cambridge, 2019.

• ▶ VOIR AUSSI :
• – Carte du monde des familles de langues
• – Carte du monde des langues officielles par État
• – Classement des familles de langues par nombre de locuteurs
• – Classement des langues par nombre total de locuteurs (L1 + L2)
• – Classement des langues par nombre de locuteurs natifs
• – Classement des langues par nombre de locuteurs de seconde langue
• – Classement des langues officielles par nombre d'États et territoires

Population faible                                            Population élevée

Note : Les données ci-dessous comprennent les locuteurs natifs (L1), les locuteurs de langue seconde (L2) ainsi que le nombre total de locuteurs (L1 + L2). Aussi, le nombre total de locuteurs comporte obligatoirement des « doublons », certaines personnes étant multilingues (bilingues, trilingues voire plus). De ce fait, il convient d'interpréter les présentes statistiques avec précaution. Pour de plus amples informations concernant les statistiques relatives aux principales langues vivantes et/ou familles de langues du monde, veuillez consulter les classements d'Atlasocio.com en cliquant ici (données disponibles pour 5 416 langues vivantes référencées).