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Classement des langues romanes (langues latines) par nombre de locuteurs

Par Atlasocio.com | Mis à jour le 13/01/2022

 

Les langues romanes (ou langues latines) comptant le plus grand nombre de locuteurs au monde sont l'espagnol, le français, le portugais, l'italien, et le roumain. Les langues romanes ayant le moins de locuteurs sont – entre autres – le francoprovençal, le corse, le romanche, l'aragonais, et le berrichon.

Regroupant 51 langues vivantes principales (235 langues/dialectes au total dont les langues éteintes) et 969 742 357 locuteurs natifs, les langues romanes désignent une famille de langues originaires de l'Europe du Sud (Italie, Espagne, Portugal), de l'Europe de l'Ouest (France, Belgique, Suisse, Luxembourg) et de l'Europe de l'Est (Roumanie, Moldavie), avant de s'étendre à partir du XVe siècle en Amérique du Sud et centrale (Brésil, Mexique, Argentine, Colombie...), ainsi que dans certaines parties de l'Afrique (République démocratique du Congo, Côte d'Ivoire, Sénégal, Angola, Mozambique...), de l'Asie du Sud-Est (Philippines, Macao) et d'Océanie.

Linguistiquement, les langues romanes forment un continuum de langues – entre lesquelles les différences sont parfois minimes –, appartenant à la famille des langues indo-européennes aux côtés des langues germaniques, des langues indo-iraniennes, des langues slaves, de la langue albanaise, de la langue arménienne, des langues baltes, des langues celtiques et des langues helléniques. En termes de classification interne, les langues romanes se répartissent en 8 groupes principaux, pouvant eux-mêmes comprendre plusieurs sous-groupes et/ou langues :

  • – les langues ibéro-romanes, regroupant 742 436 261 locuteurs natifs et une dizaine de langues vivantes dont l'espagnol, le portugais, l'aragonais, l'asturien, etc. ;
  • – les langues gallo-romanes, regroupant 92 317 620 locuteurs natifs et 17 langues vivantes dont les langues d'oïl (français, bourguignon-morvandiau, picard, lorrain, normand, angevin, franc-comtois, berrichon...) et le francoprovençal ;
  • – les langues italo-romanes, regroupant 64,8 millions de locuteurs natifs et 200 langues/dialectes dont l'italien est le plus important démographiquement ;
  • – les langues thraco-romanes ou « diasystème roman de l'Est », regroupant 23 985 000 locuteurs natifs et 4 langues romanes orientales (roumain, istro-roumain, aroumain et mégléno-roumain) parfois considérées comme des dialectes d'une langue unique à savoir le roumain ;
  • – les langues occitano-romanes, regroupant 4 682 748 locuteurs natifs (11 757 014 millions au total en 2020) et deux langues vivantes que sont le catalan et l'occitan ;
  • – le sarde, regroupant 1 350 000 locuteurs natifs, uniquement parlé en Sardaigne ainsi que parmi les émigrés d’origine sarde en Italie et dans le reste du monde ;
  • – les langues rhéto-romanes, regroupant 499 172 locuteurs natifs et 3 langues vivantes (romanche, ladin et frioulan) ;
  • – le dalmate, une langue morte ou, selon les sources, une famille de langues disparues qualifiées de langues « illyro-romanes ».


Les langues romanes descendent toutes du latin vulgaire, langue usitée par la majorité de la population au sein de l'Empire romain (de l'an -27 à l'an 476 de l'ère chrétienne), en opposition au latin classique des textes littéraires ou sermo urbanus (« langue de la ville ») et couramment parlé par les catégories sociales supérieures avec le grec. Aussi, la non-unicité lexicale du latin vulgaire, variant selon les aires géographiques, explique en partie l'évolution puis la division en différentes branches/langues romanes distinctes au fil du temps. À cela s'ajoute l'influence des substrats, soit la présence d'éléments linguistiques issus des langues autochtones ayant pénétré la nouvelle langue dominante sur le plan sociétal, ici en l'occurrence le latin. Par exemple, les idiomes celtiques parlés en Gaule avant la conquête de ce territoire par Jules César en l'an -52 ont constitué le substrat de la langue gallo-romaine.

En outre, il convient d'intégrer à l'analyse le rôle joué par les superstrats, soit des langues – généralement employées par des peuples ayant conquis un territoire donné – qui exercent une influence phonétique, grammaticale et/ou lexicale sur les langues autochtones sans pour autant les supplanter au niveau politico-culturel. Ainsi, les langues germaniques du Moyen Âge ont disparu tout en léguant un héritage linguistique non négligeable sur certaines langues romanes occidentales à la suite des mouvements migratoires des populations germaniques (ou « grandes invasions ») en direction de l'Europe de l'Ouest et du Sud vers l'an 375 de l'ère chrétienne. Il en va de même concernant le superstrat arabe qui a clairement influencé l'espagnol et le portugais avec plus de quatre mille termes, parmi lesquels des toponymes et des composés. Enfin, le dernier superstrat notable est le slave, dont l'influence sur le roumain est très importante.

Sources : Charles Camproux, Les langues romanes, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », Paris, 1979 ; Marius Sala (dir.), Enciclopedia limbilor romanice, Editura Științifică și Enciclopedică, Bucarest, 1989 ; M. Banniard, Du latin aux langues romanes, Nathan, 1997 ; Hadumod Bussmann (dir.), Dictionary of Language and Linguistics, London – New York, Routledge, 1998 ; Jean Dubois et al., Dictionnaire de linguistique, Larousse-Bordas/VUEF, Paris, 2002 ; Franck Neveu, Dictionnaire des sciences du langage, Armand Colin, Paris, 2004 ; Paul Teyssier, Comprendre les langues romanes, du français à l'espagnol, au portugais, à l'italien et au roumain, méthode d'intercompréhension, Chandeigne, Paris, 2004 ; Eugeen Roegiest, Vers les sources des langues romanes« : Un itinéraire linguistique à travers la Romania, Acco, Louvain, 2006 ; Gabriela Pană Dindelegan, The Grammar of Romanian, Oxford University Press, Oxford, 2013.




Population faible                                            Population élevée

Note : Les données ci-dessous comprennent les locuteurs natifs (L1), les locuteurs de langue seconde (L2) ainsi que le nombre total de locuteurs (L1 + L2). Aussi, le nombre total de locuteurs comporte obligatoirement des « doublons », certaines personnes étant multilingues (bilingues, trilingues voire plus). De ce fait, il convient d'interpréter les présentes statistiques avec précaution. Pour de plus amples informations concernant les statistiques relatives aux principales langues vivantes et/ou familles de langues du monde, veuillez consulter les classements d'Atlasocio.com en cliquant ici (données disponibles pour 5 416 langues vivantes référencées).

Classement des langues romanes par nombre total de locuteurs en 2020 [1]

Estimation Atlasocio.com selon les sources suivantes : Recensements nationaux ; Summer Institute of Linguistics ; Encyclopedia of Language and Linguistics ; Nationalencyklopedin.
Rang Langue Nombre de locuteurs de langue seconde (L2) Nombre de locuteurs natifs (L1) Nombre de locuteurs (total)
© Atlasocio.com
Espagnol 98 969 206 493 000 000 591 969 206
Français [2] 209 259 382 90 766 000 300 025 382
Portugais 25 200 000 245 745 470 270 945 470
Italien [3] 13 800 000 64 800 000 78 600 000
Roumain 4 000 000 23 985 000 27 985 000
Catalan 5 969 276 4 079 420 10 048 969
Vénitien - 6 230 000 6 230 000
Napolitain - 5 700 000 5 700 000
Sicilien - 4 700 000 4 700 000
Lombard - 3 500 000 3 500 000
Galicien - 3 221 000 3 221 000
Toscan - 3 000 000 3 000 000
Dialectes apuliens - 2 800 000 2 800 000
Barese - 2 400 000 2 400 000
Émilien - 2 000 000 2 000 000
Romanesco - 2 000 000 2 000 000
Calabrais - 1 800 000 1 800 000
Occitan [4] 1 074 717 633 328 1 708 045
Salentin - 1 500 000 1 500 000
Piémontais - 1 350 000 1 350 000
Sarde - 1 350 000 1 350 000
Romagnol - 1 100 000 1 100 000
Lucano - 800 000 800 000
Asturien 396 787 150 791 647 578
Frioulan 180 000 420 000 600 000
Wallon 240 000 360 000 600 000
Picard - 500 000 500 000
Ligure (ligurien) - 350 000 350 000
Molisano - 300 000 300 000
Aroumain (macédo-roumain) - 250 000 250 000
Poitevin-saintongeais - 250 000 250 000
Estrémègne - 201 500 201 500
Tarentin - 200 000 200 000
Gallo - 191 000 191 000
Francoprovençal - 137 700 137 700
Corse - 130 000 130 000
Normand - 105 420 105 420
Romanche 20 487 40 074 60 561
Judéo-espagnol - 60 000 60 000
Aragonais 40 000 12 000 52 000
Ladin - 39 098 39 098
Intémélien - 25 000 25 000
Léonais - 25 000 25 000
Mirandais 5 000 10 000 15 000
Fala - 10 500 10 500
Bourguignon-morvandiau - 3 500 3 500
Berrichon - 3 000 3 000
Istriote - 3 000 3 000
Mégléno-roumain - 2 800 2 800
Istro-roumain 1 100 300 1 400
Franc-comtois - 1 000 1 000
Note(s) :
[1] Année indiquée ou dernière année pour laquelle des données sont disponibles.
[2] Estimation Atlasocio.com du nombre de francophones pour l'année 2020 selon la projection pour l’année correspondante (variante moyenne) de l'ONU (World Population Prospects: The 2019 Revision, Population Division, Department of Economic and Social Affairs, United Nations), croisée aux donnnées issues de l'ouvrage de Baptiste Beck, Richard Marcoux, Laurent Richard et Alexandre Wolff intitulé Estimation des populations francophones dans le monde en 2018 in Sources et démarches méthodologiques, Québec, Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone, Université Laval, Rapport de recherche de l’ODSEF, 2018. À noter que l'État francophone le plus peuplé du monde est la République démocratique du Congo mais, étant donné que le français n'est pas parlé par l'ensemble de la population, la France demeure le pays comptant le plus grand nombre de francophones natifs.
[3] La langue italienne comprend l’italien « standard » issu du toscan de Florence, Pise et Sienne dont la grammaire est clairement définie et encadrée par un organisme de référence (Accademia della Crusca) ; des variantes régionales aux prononciations et aux accents différents mais dont les bases linguistiques proviennent toutes de l’italien standard et sont donc mutuellement intelligibles avec celui-ci ; ainsi que des dialectes qui sont quant à eux des langues différentes et mutuellement inintelligibles. Aussi, si l’italien demeure la langue maternelle majoritaire en Italie, l’utilisation de l'italien standard alterne dans certaines zones géographiques et dans différents segments de la population avec l'utilisation d'un dialecte ou d'une variante régionale. Ces éléments doivent être pris en considération afin d’expliquer notamment les « doublons » statistiques, inévitables pour le cas de la langue italienne et de ses dialectes. Ainsi, selon les sources, il existe des estimations très contradictoires sur le nombre d’italophones, tant pour définir le nombre total de locuteurs que pour tenter de déterminer le nombre de locuteur en tant que langue maternelle ou langue seconde.
[4] Concernant le nombre d'occitanophones :
• 1 631 000 occitanophones en France, dont 580 000 locuteurs natifs et 1 051 000 locuteurs passifs et/ou de langue seconde (Cf. Philippe Martel, "Qui parle occitan ?" in Langues et cité n°10, Décembre 2007 ; Fabrice BERNISSAN, « Combien l'occitan compte de locuteurs en 2012 ? », Revue de Linguistique Romane, 76 (12/2011-07/2012), 2012 ; Données du recensement de 1999 in « Redéfinir une politique publique en faveur des langues régionales et de la pluralité linguistique interne », Délégation générale à la langue française et aux langues de France, Ministère français de la culture et de la communication, juillet 2013). Les différents dialectes de l'occitan sont le gascon (500 000 locuteurs, cf. Bernard Moreux, Béarnais and Gascon today: Language behavior and perception, International journal of the sociology of language, Walter de Gruyter, January 2004), le limousin (10 000 à 400 000 locuteurs selon les sources), l'auvergnat (80 000 locuteurs, cf. “Auvergnat”, Ethnologue.com - 15th ed. - 2005), le vivaro-alpin (200 000 locuteurs, cf. UNESCO Interactive Atlas of the World's Languages in Danger 2009), le languedocien (700 000 locuteurs, dont 200 000 locuteurs natifs et 500 000 locuteurs passifs et/ou de langue seconde, cf. UNESCO Interactive Atlas of the World's Languages in Danger 2009 ; Ethnologue.com - 15th ed. - 2005) et le provençal (350 000 locuteurs, cf. “Provençal dialect”, Ethnologue.com - 15th ed. - 2005).
• 68 000 occitanophones en Italie en 2020, dont 47 000 locuteurs natifs et 21 000 locuteurs passifs et/ou de langue seconde (Cf. E. Allansino, C. Ferrier, S. Scaramuzzi, T. Telmon, Le lingue del Piemonte, Regione Piemonte, Quaderni di Ricerca, 113, Turin 2007, p. 71)
• 10 000 occitanophones au minimum en Espagne, l'occitan pouvant être enseigné dans les écoles de Catalogne. Les occitanophones d'Espagne se concentrent principalement au Val d'Aran (10 175 habitants en 2020) où l'occitan est langue officielle aux côtés du catalan et de l'espagnol. Ainsi, 88,9 % de la population du Val d'Aran parlent/comprennent l'occitan (soit 9 045 personnes), et 62,2 % (6 328 personnes) parlent l'occitan au quotidien. Ainsi le Val d'Aran compterait 2 717 locuteurs passifs occitanophones (Cf. Ernest Querol i Puig, El coneixement del català 2001. Mapa sociolingüístic de Catalunya: Anàlisi sociolingüística del cens de població del 2001, Barcelona: Generalitat de Catalunya, 2006).