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Classement des langues slaves par nombre de locuteurs

Par Atlasocio.com | Mis à jour le 21/10/2021

 

Les langues slaves comptant le plus grand nombre de locuteurs au monde sont le russe, l'ukrainien, le polonais, le serbo-croate, et le tchèque. Les langues slaves ayant le moins de locuteurs sont – entre autres – le sorabe, le rusyn, le cachoube, le morave, et le silésien.

Regroupant 15 langues vivantes et 290 077 809 locuteurs natifs, les langues slaves désignent une famille de langues dont les locuteurs se situent majoritairement en Europe centrale (Pologne, République tchèque, Slovénie, Slovaquie), en Europe du Sud et plus particulièrement dans les Balkans (Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie), en Europe de l'Est (Biélorussie, Russie, Ukraine), en Asie (Kazakhstan, Sibérie, Extrême-Orient russe).

Linguistiquement, les langues slaves appartiennent à la famille des langues indo-européennes aux côtés des langues germaniques, des langues indo-iraniennes, des langues romanes (latines), de la langue albanaise, de la langue arménienne, des langues baltes, des langues celtiques et des langues helléniques. En termes de classification interne, les langues slaves se répartissent en 3 branches principales :

  • – les langues slaves orientales, regroupant 200 145 941 locuteurs natifs et 4 langues vivantes (biélorusse, russe, rusyn et ukrainien) ;
  • – les langues slaves occidentales, regroupant 56 119 109 locuteurs natifs et 7 langues vivantes (cachoube, morave, polonais, silésien, slovaque, sorabe, tchèque) ;
  • – les langues slaves méridionales, regroupant 33 319 240 locuteurs natifs et divisées en trois ensembles distincts, soit l'ensemble slovène (le slovène et ses six variantes), l'ensemble serbo-croate (le bosnien, le croate, le monténégrin et le serbe tous mutuellement intelligibles) et l'ensemble du Sud-Est (le bulgare et ses quatre variantes, le macédonien et ses cinq variantes).


Les langues slaves descendent toutes du proto-slave, une langue parlée dès le IIIe millénaire avant l'ère chrétienne dans les territoires de la Polésie (Sud de la Biélorussie, Nord-Ouest de l'Ukraine, Est de la Pologne et une partie de la Russie occidentale). À noter que le proto-slave possède de forte similitudes linguistiques avec le proto-balte, raison pour laquelle certains linguistiques réunissent les langues slaves et les langues baltes (lituanien et letton) au sein d'un groupe linguistique plus large nommé « langues balto-slaves ». Concernant l'époque contemporaine, il existe désormais suffisamment de différences entre les diverses langues slaves pour rendre difficile toute intelligibilité mutuelle. Plusieurs facteurs géographiques, démographiques, politiques, religieux ou sociétaux peuvent expliquer la diversité linguistique au sein même des langues slaves.

La différenciation linguistique des langues slaves vis-à-vis d'une proto-langue commune intervient plus tardivement que tout autre groupe de la famille des langues indo-européennes, probablement aux alentours du Ve siècle lorsque débute la dispersion géographique des peuples slaves. Ces derniers partent alors de la Polésie pour migrer vers le sud-est, le nord et l'ouest du continent européen, divisant peu à peu les slavophones en trois branches linguistiques distinctes.


Les branches Est, Ouest et Sud des langues slaves diffèrent également par l'orthographe. L'alphabet latin est utilisé pour écrire plusieurs langues slaves occidentales (polonais, tchèque, slovaque...) et méridionales (croate, slovène), et plus spécifiquement les langues des peuples slaves de confession catholique. L'alphabet cyrillique est quant à lui employé pour les langues slaves orientales (biélorusse, russe, rusyn/ruthène et ukrainien) ainsi qu'une partie des langues slaves méridionales (bulgare et macédonien) dont les locuteurs sont majoritairement chrétiens orthodoxes. En outre, les premiers documents écrits en langue slave, datant des IXe, Xe et XIe siècles, mettent déjà en exergue certaines caractéristiques linguistiques locales. Les influences étrangères plus récentes sont par la suite régies par les relations politiques qu'entretiennent les Slaves avec les autres peuples.

Au XVIIIe siècle, de nombreux mots germaniques viennent enrichir la langue russe. En effet, à partir de 1763, la bourgeoisie russe entretient des liens privilégiés avec les « Allemands de la Volga », des colons allemands invités par Catherine II à s'installer près de la Volga et de la mer Caspienne afin de peupler ces terres au fort potentiel agricole mais encore peu habitées. Durant le règne de Pierre le Grand, allant du 7 mai 1682 au 8 février 1725, les contacts étroits avec la France engendrent d'innombrables emprunts et calques du français, dont beaucoup survivent linguistiquement voire supplantent d'anciens emprunts slaves. Par la suite, en raison de la montée progressive de la puissance politique de la Russie au cours des XIXe et XXe siècles, la langue russe influence à son tour de nombreuses langues slaves, tant occidentales que méridionales.

Sources : M.S. Anderson, "Russia under Peter the Great and the changed relations of East and West" in J.S. Bromley, ed., The New Cambridge Modern History: VI: 1688-1715, 1970 ; Charles-Jacque Veyrenc, Histoire de la langue russe, Presses Universitaires de France, Paris, 1970 ; W.B. Lockwood, A Panorama of Indo-European Languages. Hutchinson University Library, 1972 ; Frederik Kortlandt, "From Proto-Indo-European to Slavic", Journal of Indo-European Studies, 22: 91–112, 1994 ; Greville G. Corbett and Bernard Comrie, The Slavonic Languages, Routledge Language Family Series, Routledge, 1st edition, 26 July 2002 ; Bakyt Alicheva-Himy, Les Allemands des steppes : histoire d'une minorité de l'Empire russe à la CEI, Peter Lang, coll. « Contacts / 4 : Bilans et enjeux » (N°6), Berne, 2005 ; Jacques Leclerc, « Une idéologie linguistique. Serbe, monténégrin, croate et bosniaque : quatre langues en une », L’aménagement linguistique dans le monde, CEFAN, Université Laval, Québec, MAJ le 14/12/2015.




Population faible                                            Population élevée

Note : Les données ci-dessous comprennent les locuteurs natifs (L1), les locuteurs de langue seconde (L2) ainsi que le nombre total de locuteurs (L1 + L2). Aussi, le nombre total de locuteurs comporte obligatoirement des « doublons », certaines personnes étant multilingues (bilingues, trilingues voire plus). De ce fait, il convient d'interpréter les présentes statistiques avec précaution. Pour de plus amples informations concernant les statistiques relatives aux principales langues vivantes et/ou familles de langues du monde, veuillez consulter les classements d'Atlasocio.com en cliquant ici (données disponibles pour 5 416 langues vivantes référencées).

Classement des langues romanes par nombre total de locuteurs en 2020 [1]

Estimation Atlasocio.com selon les sources suivantes : Recensements nationaux ; Summer Institute of Linguistics ; Encyclopedia of Language and Linguistics ; Nationalencyklopedin.
Rang Langue Nombre de locuteurs de langue seconde (L2) Nombre de locuteurs natifs (L1) Nombre de locuteurs (total)
© Atlasocio.com
Russe 104 300 000 153 700 000 258 000 000
Ukrainien - 41 400 000 41 400 000
Polonais 1 150 000 39 700 000 40 850 000
Serbo-croate [2] - 21 174 000 21 174 000
Tchèque 1 798 000 10 702 000 12 500 000
Bulgare - 7 895 240 7 895 240
Biélorusse [3] 1 777 700 5 469 400 7 247 100
Slovaque 260 000 4 940 000 5 200 000
Slovène - 2 200 000 2 200 000
Macédonien - 2 050 000 2 050 000
Silésien - 530 000 530 000
Morave - 108 469 108 469
Cachoube (kachoube) - 108 140 108 140
Rusyn (ruthène, rusniaque) - 70 060 70 060
Sorabe (haut-sorabe et bas-sorabe) - 30 500 30 500
Note(s) :
[1] Année indiquée ou dernière année pour laquelle des données sont disponibles.
[2] Officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue « serbe », « bosnien », « croate » ou « monténégrin ». Cependant, les locuteurs de ces diverses langues se comprennent spontanément, sans traducteur. Il s'agit donc d'une distinction historique/politique et non d'une réalité linguistique.
[3] La langue biélorusse est déclarée « langue maternelle » par 5 058 400 personnes en Biélorussie (recensement 2009). En Russie, la langue biélorusse est déclarée « langue familière » par 316 000 personnes (recensement 2002). En Ukraine, la langue biélorusse est déclarée « langue maternelle » par 55 000 personnes (recensement 2001). En Pologne, la langue biélorusse est déclarée comme « langue parlée à la maison » par 40 000 personnes (recensement 2002).