Accueil » Revue » Société » Ces indicateurs à connaître pour mieux appréhender le bien-être et les inégalités
par Atlasocio.com | Publié le 22/11/2018 • Mis à jour le 30/04/2020
Tout indicateur statistique offre une vision forcément restrictive du sujet qu'il est censé traiter. Et, dans le débat public, les indices les plus utilisés demeurent bien trop souvent centrés sur l’économie, reléguant au second plan d'autres thématiques, telles que le bien-être ou les inégalités sociales. Tour d’horizon des indicateurs qui permettent d'élargir et de compléter le panel des outils statistiques habituellement retenu pour l'analyse de nos sociétés.
Dans le débat public, les indices les plus utilisés demeurent bien trop souvent centrés sur l’économie, reléguant au second plan d'autres thématiques, telles que le bien-être ou les inégalités sociales. © PhotoMIX Company.
Longtemps une référence en matière de mesure du développement, l’indice de développement humain (IDH) est peu à peu remplacé par l'indice de développement humain ajusté selon les inégalités (IDHI). Introduit depuis l'année 2011 par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) au sein du Rapport sur le développement humain, l'IDHI vise à évaluer le niveau de développement humain des pays du monde en tenant compte des inégalités socio-économiques. Le PNUD indique que, désormais, « l'IDHI est le niveau réel de développement humain [car tenant compte des inégalités] » et que « l'IDH peut être vu comme un indice de développement humain “potentiel” » [1].
Les 10 États les plus développés selon l'IDH Rang, État, indice |
Les 10 États les plus développés selon l'IDHI Rang (variation IDH/IDHI), État, indice |
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© Atlasocio.com | |||||
01 | Norvège | 0,949 | 01 (=) | Norvège | 0,898 |
02 | Australie | 0,939 | 02 (+7) | Islande | 0,868 |
03 | Suisse | 0,939 | 03 (-1) | Australie | 0,861 |
04 | Allemagne | 0,926 | 04 (+3) | Pays-Bas | 0,861 |
05 | Danemark | 0,925 | 05 (-2) | Suisse | 0,859 |
06 | Singapour | 0,925 | 06 (-2) | Allemagne | 0,859 |
07 | Pays-Bas | 0,924 | 07 (-2) | Danemark | 0,858 |
08 | Irlande | 0,923 | 08 (+6) | Suède | 0,851 |
09 | Islande | 0,921 | 09 (-1) | Irlande | 0,850 |
10 | États-Unis | 0,920 | 10 (+13) | Finlande | 0,843 |
La comparaison des indices IDH et IDHI permet de mettre en évidence qu'un pays très développé n'est pas forcément égalitaire et ce, tant en termes de redistribution des richesses, qu'en termes d'accès aux soins ou à l'éducation. Ainsi, les États-Unis – 10e au classement mondial IDH 2015 – ne sont que 19e au classement IDHI 2015, soit une perte de 9 places. Les autres États développés qui connaissent les plus fortes baisses en termes de variation IDH/IDHI sont la Corée du Sud (-15 places), et Israël (-7 places). En revanche, des États comme la Finlande (+13 places en variation IDH/IDHI), l'Islande (+7), ou bien encore la Suède (+6), suggèrent des inégalités sociétales réduites, et donc un développement humain qui semble profiter au plus grand nombre de leurs concitoyens.
Compris entre 0 (absence de famine) et 100 (famine généralisée), le Global Hunger Index (GHI) ou « indice mondial de la faim » est un outil statistique multidimensionnel élaboré par l'International Food Policy Research Institute (IFPRI). Le GHI combine quatre indicateurs :
1. La part de la population sous-alimentée (c'est-à-dire dont l'apport calorique est insuffisant) ;
2. La proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant d'insuffisance pondérale (c’est-à-dire un poids faible pour leur taille, reflétant une malnutrition aiguë) ;
3. La proportion d'enfants de moins de cinq ans qui ont un retard de croissance (c'est-à-dire une petite taille pour leur âge, reflétant une malnutrition chronique) ;
4. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans (indiquant indirectement une alimentation inadéquate et un environnement insalubre).
Carte du monde par indice de la faim. © Atlasocio.com
▶ CONSULTER : Classement des États du monde par indice de la faim
Seul regret, l’absence de données concernant les États dits « développés ». À croire que cet indicateur de la pauvreté extrême est hors contexte pour les pays les plus riches de la planète. Or, selon un baromètre Ipsos-Secours populaire publié en septembre 2018, 21 % des Français ont du mal à se procurer une alimentation saine pour assurer trois repas par jour, soit un Français sur cinq [2]. Bien entendu, il ne s'agit pas d'un cas de famine au sens strict puisque l'analyse porte principalement sur les difficultés financières pour se procurer une « alimentation saine ». Mais, il n’en demeure pas moins que l’impact de la malnutrition ou de l’incapacité financière des foyers les plus modestes pour assurer trois repas par jour n'est pas anodin. Situation analogue aux États-Unis où près de 46 millions d'Américains, soit 15 % de la population, vivaient en avril 2011 grâce à des bons alimentaires [3].
Le taux de pauvreté – exprimé en pourcentage de la population totale – correspond à la proportion d’individus dont le revenu disponible est inférieur au seuil national de pauvreté pour une année donnée. Attention, les définitions relatives à la « pauvreté » varient considérablement selon les instituts officiels de statistique, rendant difficiles les comparaisons entre les États. En outre, le calcul du taux de pauvreté dépend de la définition retenue pour le seuil de pauvreté :
Différence entre seuil de pauvreté absolue et seuil de pauvreté relative :
– Le seuil de pauvreté absolue est défini selon un panier annuel de consommation minimale nécessaire à un individu pour satisfaire les besoins « essentiels » (exemple : kcal/jour) au sein d'un État donné. Par exemple, pour l’ensemble des pays étudiés, la Banque mondiale retient un seuil de pauvreté absolue (1,90 dollar US par jour en 2015, contre 1,25 dollar US/jour en 2005), réévalué chaque année en tenant compte de la parité des pouvoirs d’achat, permettant ainsi une comparaison entre les États, et ce, indépendamment des devises respectives.
– Le seuil de pauvreté relative est défini selon un pourcentage du revenu médian national avant impôts par unité de consommation. Par convention, le seuil de 60 % du revenu médian représente le taux de pauvreté « par défaut », et celui de 40 % le taux de « très grande pauvreté ». Théoriquement, cette méthode part du postulat que si le revenu de l'ensemble de la population augmente de 10 %, alors le revenu correspondant au seuil de pauvreté augmente également de 10 %, d'où un taux de pauvreté qui demeure inchangé. Or, les revenus d’une population n’évoluent jamais de manière uniforme [4].
Carte du monde par taux de pauvreté (% population). © Atlasocio.com
▶ CONSULTER : Classement des États du monde par taux de pauvreté
Par conséquent, il n’existe aucune méthodologie du taux de pauvreté recouvrant l’intégralité des États du monde puisque le seuil de pauvreté absolue traite quasi exclusivement des pays en développement tandis que le seuil de pauvreté relative est généralement appliqué pour les pays développés. Les critères relatifs à la pauvreté dépendent donc de l'appréciation des organismes de statistiques. Ainsi, l'Observatoire des inégalités opte pour un seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian [5] : « Le simple choix d’un seuil de pauvreté à 50 % ou à 60 % du niveau de vie médian fait passer de 5 à 9 millions le nombre de personnes pauvres [en France]. Le seuil de pauvreté à 60 %, qui dépasse les 1 000 euros mensuels pour une personne seule, prend en compte des situations sociales très hétérogènes, qui vont de ce que l’on appelait il y a quelques années le “quart-monde” jusqu’à des milieux sociaux que l’on peut qualifier de “très modestes”. Pour l’Observatoire des inégalités, ce mélange de situations sociales très différentes entretient la confusion. Dans le Rapport sur la pauvreté en France, chaque fois que les données sont disponibles, nous avons opté pour le seuil de pauvreté à 50 % plutôt que pour celui à 60 %. » [6].
Le Corruption Perceptions Index ou « indice de perception de la corruption », élaboré à l'aide d'enquêtes réalisées auprès d'hommes d'affaires, d'analystes de risques et d'universitaires, tente d'appréhender le degré de corruption d'un État donné.
Carte du monde par indice de perception de la corruption. © Atlasocio.com
▶ CONSULTER : Classement des États du monde par indice de corruption
À noter que seule la corruption dans le secteur public est comptabilisée, définie comme « l'abus d'une fonction publique à des fins d'enrichissement personnel ». Transparency International souligne en effet que la corruption étatique est souvent liée à la corruption du secteur privé : « Les cas de grande corruption, de Petrobras et Odebrecht au Brésil à l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, montrent comment la collusion entre les entreprises et les politiciens prive les économies nationales de milliards de dollars de recettes qui sont siphonnés au profit de quelques personnes et au détriment du plus grand nombre. Ce type de grande corruption systémique viole les droits humains, empêche le développement durable et alimente l’exclusion sociale » [7].
Développé par le statisticien et sociologue Corrado Gini en 1912 [8], le coefficient ou indice de Gini est un indicateur synthétique permettant de mesurer les inégalités de revenu. Un coefficient de Gini égal à 0 exprime une situation d’égalité parfaite (salaires et niveaux de vie égaux), tandis qu'un coefficient de Gini égal à 1 exprime une situation inégalitaire maximale, soit l'accaparement des richesses par une seule personne au sein d'une population donnée [9].
Carte du monde par inégalités de revenu (coefficient de Gini). © Atlasocio.com
▶ VOIR AUSSI : Cartes du monde relatives aux inégalités de revenu
Les 10 États possédant les inégalités les plus élevées (rang, État, coef. %) |
Les 10 États possédant les inégalités les plus faibles (rang, État, coef. %) |
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© Atlasocio.com | |||||
01 | Afrique du Sud | 63,0 | 151 | Biélorussie | 27,0 |
02 | Botswana | 60,5 | 152 | Kazakhstan | 26,9 |
03 | Namibie | 59,1 | 153 | Kirghizistan | 26,8 |
04 | Zambie | 57,1 | 154 | Kosovo | 26,5 |
05 | Centrafrique | 56,2 | 155 | Slovaquie | 26,5 |
06 | Lesotho | 54,2 | 156 | Moldavie | 26,3 |
07 | Mozambique | 54,0 | 157 | République tchèque | 25,9 |
08 | Belize | 53,3 | 158 | Slovénie | 25,4 |
09 | Swaziland | 51,5 | 159 | Ukraine | 25,0 |
10 | Brésil | 51,3 | 160 | Azerbaïdjan | 16,6 |
En France, la mesure des inégalités s’opère principalement via le « rapport interdécile » de l’Insee [10], soit le rapport entre le revenu des 10 % les plus riches et celui des 10 % les plus pauvres. L’inconvénient principal est que ces rapports interdéciles demeurent fortement influencés par les revenus des plus fortunés, pourtant très minoritaires en termes de poids démographiques.
Les indicateurs traitant de la force de travail et de sa compétitivité sur le marché international sont relativement précis et détaillés. Le Global Human Capital Index appréhende la capacité des États à réaliser pleinement le potentiel économique de leur population en évaluant l'optimalisation de la main d'oeuvre sur le long terme (niveau d'éducation selon les générations, accumulation des compétences par le travail, accéssibilité à la formation continue...). Un autre indice, le Global Competitiveness Index, mesure la compétitivité de 140 économies par le biais de 98 indicateurs répartis en 12 catégories dont : les institutions, les infrastructures, la stabilité économique, l'espérance de vie en bonne santé, l'accès à l'éducation, le développement des marchés financiers, l'innovation, etc.
Carte du monde par violations du droit du travail (indice CSI). © Atlasocio.com
▶ CONSULTER : Classement des États du monde par indice CSI des droits
Se pose toutefois la question de savoir si l'optimisation et la compétitivité de la main d'oeuvre ne se fait pas au détriment des droits humains, et donc du bien-être des salariés. Pour ce faire, l'indice de la Confédération syndicale internationale des droits (CSI), qui repose sur 97 indicateurs issus des Conventions et de la jurisprudence de l'Organisation internationale du Travail (OIT), permet de déterminer dans quels pays les employés sont les mieux protégés par la loi et dans la pratique. Les principales observations du rapport 2018 de la CSI sont les suivantes :
► 65 % des pays excluent certaines catégories de travailleurs de la législation du travail.
► 87 % des pays ont enfreint le droit de grève.
► 81 % des pays privent certains travailleurs, voire tous les travailleurs, du droit de négociation collective.
► Sur les 142 pays étudiés, 54 interdisent ou limitent la liberté d’expression et la liberté de réunion.
► Le nombre de pays où les travailleurs sont exposés à la violence physique et aux menaces a augmenté de 10 % (passant de 59 à 65 pays). Il s’agit notamment du Bahreïn, du Honduras, de l’Italie et du Pakistan.
► Le nombre de pays qui pratiquent l’arrestation et la détention de travailleurs a augmenté, passant de 44 en 2017 à 59 en 2018.
► Des syndicalistes ont été assassinés dans 9 États : Brésil, la Chine, la Colombie, le Guatemala, la Guinée, le Mexique, le Niger, le Nigeria et la Tanzanie.
Le Social Progress Index (SPI) ou « indice de progrès social » tente de mesurer le progrès social d'un État donné en s'articulant autour de trois axes : la capacité d'une société à satisfaire les besoins de base de ses citoyens (qualité/accès au système de santé, au logement, à la sécurité, etc.), à construire les fondements de leur bien-être sur la durée (accès à l'éducation, à l'information), et à leur donner l'opportunité de s'accomplir.
Carte du monde par indice de progrès social. © Atlasocio.com
▶ CONSULTER :
– Classement des États du monde par indice de progrès social
– Cartes du monde relatives à l'indice de progrès social
L'indice de progrès social est calculé à partir des 12 composantes suivantes :
Besoins humains fondamentaux
► Nutrition et soins médicaux de base
► Eau et assainissement
► Logement
► Sécurité personnelle
Fondements du bien-être
► Accès aux connaissances de base
► Accès à l'information et aux moyens de communication
► Santé et bien-être
► Qualité environnementale
Opportunité de s'accomplir
► Droits personnels
► Liberté personnelle
► Tolérance et inclusion
► Accès à l'éducation
Depuis l'année 2000, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Programme for International Student Assessment, PISA) évalue tous les trois ans le niveau scolaire des élèves âgés de 15 ans au sein des pays membres et partenaires de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Pour ce faire, les évaluations se focalisent sur la culture scientifique, définie comme étant « la capacité des individus à s'engager dans des questions et des idées en rapport avec la science en tant que citoyens réfléchis ». Ainsi, ce test évalue l’aptitude des élèves à utiliser les connaissances acquises à l'école afin de les appliquer dans les situations de la vie courante, et non la maîtrise d'un programme scolaire donné.
Singapour arrive en tête dans les différents classements de l'enquête PISA 2015, mais les États qui se distinguent à la fois en termes de performance des élèves et d'équité des résultats scolaires sont le Canada, le Danemark, l’Estonie, Hong-Kong (Chine) et Macao (Chine). Car les enquêtes PISA proposent également des statistiques portant sur l'équité dans l'éducation (selon le sexe, le milieu social, l'origine immigrée ou non...), le bien-être, ou encore les perspectives d’avenir envisagées par les élèves. Le pourcentage d'élèves très performants en sciences est plus élevé chez les garçons, tandis que les filles devancent leurs camarades masculins en compréhension de l'écrit. Autre constat, les performances des élèves restent marquées par un fort déterminisme social : plus de 20 % des résultats obtenus en France, en Hongrie et au Luxembourg résultent du milieu socio-économique d'origine, contre une moyenne de 13 % pour l'ensemble des pays de l'OCDE.
Carte du monde relative à l'équité scolaire selon le milieu social. © Atlasocio.com
▶ LIRE AUSSI : Enquête PISA : origine, méthodologie et analyse des résultats
Selon un autre rapport de l'OCDE publié en octobre 2018, l'écart de résultats scolaires entre les enfants issus d'un milieu aisé et ceux issus de familles modestes est visible dès l’âge de dix ans et se creuse tout au long de la vie. De plus, le manque de mixité sociale perdure : « En moyenne dans les pays membres, les élèves issus de milieu défavorisé qui fréquentent des établissements privilégiés obtiennent 78 points de plus que ceux qui fréquentent des établissements désavantagés, soit l’équivalent de près de trois années scolaires » [11]. Et c'est en Belgique, en Bulgarie, en France, en Hongrie, aux Pays-Bas, en Slovaquie et en Slovénie que la corrélation entre le profil de l’établissement et les résultats scolaires est la plus forte : les élèves des établissements privilégiés obtiennent plus de 130 points de plus en sciences que ceux scolarisés dans des établissements défavorisés.
Et, dans les pays de l'OCDE, un élève de milieu modeste sur quatre est « résilient d’un point de vue émotionnel et social ». En Allemagne, en Croatie, en Finlande, en France, en Islande, en Lettonie, aux Pays-Bas, en République tchèque et en Suisse, plus de 30 % des étudiants dont les parents rencontrent des difficultés socio-économiques se déclarent satisfaits de leur vie et se sentent socialement intégrés à l’école. Mais, dans d'autres pays européens (Bulgarie, Italie, Monténégro, Portugal, Royaume-Uni), cette proportion est comparativement plus faible avec moins de 20 %.
L'espérance de vie en bonne santé ne doit pas être confondue avec l'espérance de vie totale :
Différence entre espérance de vie et espérance de vie en bonne santé
► « L'espérance de vie à la naissance (ou à l'âge 0) représente la durée de vie moyenne – autrement dit l'âge moyen au décès – d'une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l'année. Elle caractérise la mortalité indépendamment de la structure par âge » [définition : Insee].
► « L'espérance de vie en bonne santé ou espérance de vie sans incapacité (EVSI) est un indicateur démographique désignant le nombre d'années en bonne santé qu'une personne peut espérer vivre à la naissance, et ce, sans souffrir d'incapacités ou de limitations dans les actes de la vie quotidienne » [définition : Atlasocio.com].
Le calcul de l'espérance de vie en bonne santé repose sur des données déclaratives. Ainsi, cet indicateur dépend du signalement des enquêtés au sujet de leur état de santé, d'où la probabilité d'un dépistage précoce ou au contraire tardif des maladies, affectant positivement ou négativement l'espérance de vie en bonne santé.
Les 10 premiers États par espérance de vie (EV) Rang, État, années |
Les 10 premiers États par espérance de vie en bonne santé (EVSI) Rang (variation EV/EVSI), État, années |
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01 | Japon | 83,98 | 01 (+3) | Singapour | 76,17 |
02 | Suisse | 82,89 | 02 (-1) | Japon | 74,81 |
03 | Espagne | 82,83 | 03 (=) | Espagne | 73,80 |
04 | Singapour | 82,79 | 04 (-2) | Suisse | 73,46 |
05 | Italie | 82,54 | 05 (+13) | France | 73,38 |
06 | Norvège | 82,50 | 06 (+32) | Chypre | 73,33 |
07 | Australie | 82,50 | 07 (+3) | Canada | 73,19 |
08 | Islande | 82,46 | 08 (-3) | Italie | 73,17 |
09 | Israël | 82,40 | 09 (+13) | Corée du Sud | 73,03 |
10 | Canada | 82,30 | 10 (-2) | Islande | 73,03 |
Au niveau mondial, les États les mieux classés en termes d'espérance de vie ne sont pas forcément ceux de l’espérance de vie en bonne santé. La variation la plus importante entre ces deux indicateurs est enregistrée par Chypre, 38e mondial en espérance de vie et qui grimpe à la 6e place en espérance de vie en bonne santé, soit une progression de 32 places. Deux autres pays connaissent une importante variation positive, la France et la Corée du Sud (+13 places).
Le Global Age Watch Index classe les États du monde selon la situation des personnes âgées de 60 ans et plus : sécurité du revenu, état de santé et psychique, niveau de formation, environnement social. Afin de mesurer concrètement le bien-être réel des seniors, seuls les indicateurs dits « de résultats » (revenu, santé) sont retenus pour le calcul de l'indice. Les indicateurs « de processus » tels que la législation en vigueur (protection des droits spécifiques des personnes âgées) et les indicateurs « d’intrants » mesurant les efforts d'un pays pour atteindre un résultat souhaité (dépenses de protection sociale) sont systématiquement écartés de l'analyse car jugés trop approximatifs dans l'estimation de la qualité de vie. Bien évidemment, les indicateurs de résultats sont fortement corrélés avec les indicateurs d'intrants : la part du PIB consacrée aux soins de santé a forcément une incidence indirecte sur l'espérance de vie en bonne santé des personnes âgées.
Carte du monde par situation des seniors. © Atlasocio.com
▶ CONSULTER : Classement des États du monde par situation des seniors
Dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, seule une personne sur quatre de plus de 65 ans perçoit une retraite. Cependant, le niveau de développement économique ne peut améliorer à lui seul le bien-être des personnes âgées. Par exemple, les politiques spécifiques du Mexique visant à favoriser la sécurité des revenus ont permis à ce pays de passer de la 56e à la 30e place mondiale entre 2013 et 2014. Au cours de la même période, la Turquie, malgré un PIB par habitant comparable, a régressé de la 70e à la 77e place.
En 2015, l'État du monde où la situation des personnes âgées est la plus confortable est la Suisse, devant la Norvège, la Suède, l'Allemagne, et le Canada. Les États les moins bien classés sont l'Afghanistan, le Malawi, le Mozambique, la Palestine, et le Pakistan. À noter que les conditions de vie des seniors se sont globalement détériorées au sein des pays développés, notamment en Espagne, en France, aux États-Unis, et en Irlande.
Le World Happiness Report ou « Rapport mondial du Bonheur » tente de mesurer le bonheur des citoyens de chaque État. Plusieurs indicateurs sont pris en compte : le PIB par habitant, l'aide sociale (logement, allocations, etc.), l'espérance de vie en bonne santé, la liberté relative aux choix de vie, la générosité, et la perception de la corruption au sein du gouvernement et des entreprises. En 2017, l'État du monde qui possède l'indice de bonheur national le plus élevé est la Norvège, devant le Danemark, l'Islande, la Suisse, et la Finlande. Les États ayant les citoyens les moins heureux sont la Centrafrique, le Burundi, la Tanzanie, la Syrie, et le Rwanda.
Carte du monde par indice de bonheur. © Atlasocio.com
▶ CONSULTER : Classement des États du monde par indice de bonheur
L'indice de bonheur peut être complété par d'autres indices statistiques, tels que le taux de suicide ou le Better Life Index (« l'indicateur du vivre mieux ») développé par l'OCDE [12]. Cet indicateur repose sur 11 critères : les revenus, le logement, l'emploi, la santé, la sécurité, la vie en communauté, la gouvernance, l'éducation, l'environnement, le sentiment de satisfaction personnelle, l'équilibre entre vie professionnelle et vie de famille. Chaque critère se compose de trois sous critères. Par exemple, le critère « logement » comprend les sous-critères « logements sans équipements sanitaires de base », « coût du logement », et « nombre de pièces par personne ».
Rang | État | Rang | État |
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1 | Norvège | 20 | Slovénie |
2 | Danemark | 21 | République tchèque |
3 | Australie | 22 | Estonie |
4 | Suède | 23 | Japon |
5 | Canada | 24 | Israël |
6 | Suisse | 25 | Italie |
7 | Islande | 26 | Slovaquie |
8 | États-Unis | 27 | Pologne |
9 | Finlande | 28 | Portugal |
10 | Pays-Bas | 29 | Corée du Sud |
11 | Nouvelle-Zélande | 30 | Lettonie |
12 | Belgique | 31 | Chili |
13 | Allemagne | 32 | Hongrie |
14 | Luxembourg | 33 | Russie |
15 | Irlande | 34 | Brésil |
16 | Royaume-Uni | 35 | Grèce |
17 | Autriche | 36 | Turquie |
18 | France | 37 | Mexique |
19 | Espagne | 38 | Afrique du Sud |
La Social Resilience to Infectious Diseases (SRID) ou « résilience sociale aux maladies infectieuses » tente de mettre en évidence les pays dont les conditions sociales suggèrent une plus grande résilience collective vis-à-vis des maladies infectieuses dont le Covid-19 [13]. La SRID est calculée à partir des indicateurs de l'indice de de progrès social ayant une corrélation significative avec les décès par maladies infectieuses : eau et assainissement, santé et bien-être, accès aux connaissances de base, accès à l'information et aux moyens de communication, liberté personnelle, droits personnels et accès à l'enseignement supérieur.
Définition de la résilience en sciences humaines et sociales :
« La résilience est un concept relativement récent, importé de la psychologie vers les sciences sociales, qui cherche à décrire comment les individus se remettent d’un traumatisme. Il s’agit de comprendre comment les sociétés et les individus font face aux risques et aux catastrophes. » [14]
Carte du monde de la résilience sociale aux maladies infectieuses. © Atlasocio.com
▶ CONSULTER : Classement des États du monde par résilience sociale aux maladies infectieuses
L'analyse des résultats démontre que les pays avec un score plus élevé dans les trois composantes principales (eau et assainissement, logement, santé et bien-être) ont des taux de mortalité par maladies infectieuses plus faibles. Aussi, les États dont les scores SRID sont supérieurs à 80 enregistrent moins de 100 décès par maladie infectieuse pour 100 000 habitants, à l'exception de la Malaisie et des Seychelles. Cependant, les auteurs de cette étude rappellent que d'autres facteurs peuvent également contribuer à un fort impact des maladies infectieuses. Par exemple, la Suisse, tout en ayant obtenu le score le plus élevé, peut toutefois être plus vulnérable au Covid-19 que d'autres pays moins performants en raison d'une population plus âgée et d'une densité importante.
En outre, plusieurs pays sont nettement plus vulnérables que leur PIB par habitant ne pourrait le laisser penser, c'est le cas notamment des Émirats arabes unis, de l'Arabie saoudite, de la Roumanie, de la Bulgarie et des États-Unis (32e place mondiale, soit le dernier pays du G7). À l'inverse, des pays tels que le Bhoutan, le Costa Rica, la Tunisie et le Tadjikistan atteignent des niveaux de résilience sociale aux maladies infectieuses supérieurs à ceux normalement prévus par leur niveau de revenu. En conclusion, si la mesure SRID confirme que la résilience sociale aux maladies infectieuses va souvent de pair avec de bonnes performances économiques, certains scores portent à croire que d'autres facteurs (démographiques, politiques, socioculturels...) doivent être pris en considération lors d'éventuelles crises sanitaires.